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La bouquinerie aux deux colombes
22 juillet 2006

La servante écarlate

image001Margaret Atwood

Éditions J'ai Lu

345 pages

La servante écarlate est un avertissement à l’humanité contre ce que les hommes sont capables de faire à leurs semblables en temps de guerre et d’hystérie. Où mène la phobie d’attentat terroriste ? À ce monde futuriste où toutes les libertés ont été supprimées où un gouvernement totalitaire s’est imposé en Dieu. Désormais, la procréation n’est réservée qu’à une seule caste de femmes : les Servantes. Habillées de rouge au service des familles les plus riches obligées de coucher avec ceux que l’on appelle les Commandants, elles n’existent que pour porter en elles les enfants qu’elles ne pourront jamais toucher, qu’elles créeront afin de les offrir aux Épouses et de ne jamais les revoir. Elles ne font pas l’amour, car l’amour n’existe pas, procréer est une tache comme une autre, comme l’un rabote le bois, l’autre coud des tissus et elles s’étendent sur le lit attendant que leur Commandant fasse ce qu’il a à faire.

Dans cette histoire, on suit Defred dans sa nouvelle affectation auprès du Commandant et de son Épouse Serena Joy, mais aussi dans sa tête, dans ses souvenirs du passé qui la hante car comment exister maintenant alors que l’on a vécu avant cela, avant de n’être plus qu’une femme en rouge. Voilà où se pose le problème, obligée d’obéir aux ordres donnés afin de survivre. Son cœur et son cerveau bouillonnent de protestation au seul souvenir de Luke, celui qu’elle aimait et leur petite fille qu’on lui a arraché. Toutefois, Defred découvrira qu’elle n’est pas la seule à ne plus supporter cette vie où aucune émotion n’est permise, beaucoup, beaucoup de personnes sont dans son cas et lorsque l’on enfreint une seule règle le goût d’en enfreindre d’autres n’est pas très loin ...

Commentaires etoile_105.gifetoile_105.gifetoile_105.gif

Pour commencer, l’idée générale du roman est effroyablement bonne c’est ce qui m’a incité à acheter le roman même si j’ai des préjugés face aux Éditions J’ai Lu, leurs publications sont généralement de faible qualité sans parler du papier sur lequel il est imprimé, du vrai papier journal qui tâche les doigts !! Malgré ce très bon départ, il faut avouer qu’il s’agit d’une lecture un peu difficile puisque l’auteur peuple son roman de flashbacks qui nous font perdre pied, qui rend tout confus, sommes nous dans le présent ou le passé ? Parfois elle va même jusqu’à ne pas séparer les flashbacks par des paragraphes et la lecture devient vraiment difficile. La difficulté de lecture réside aussi dans le style de l’auteur qui est, soit dit en passant très bon malgré tout, mais parfois elle tisse des métaphores extrêmement dures à comprendre et on n’est plus vraiment sûr de quoi elle parle, mais rassurez-vous, cela n’arrive pas tout le temps.

Mais lorsque l’on prend le rythme du roman, on le voit vraiment comme un excellent récit, quoique ayant quelques anicroches, car en fait, il nous est un peu difficile de croire qu’un si grand changement puisse s’être fait au sein d’une société, qu’un gouvernement totalitaire ait pu s’assembler en dictant des valeurs, en inventant des castes, en imaginant une toute nouvelle humanité et cela en bien peu de temps. On s’attend toujours à ce qu’elle nous explique qu’il y a eu un élément déclencheur très puissant qui a créé cela ou que ça s’est fait avec lenteur sans que la population ait pu s’en rendre compte, mais pas en vingt ans tout de même ! Mais Margaret Atwood se fait facilement pardonner ce petit défaut de son récit, car elle le connaît elle-même et c’est pour ça qu’à la fin de son roman elle change de style complètement et écrit un paragraphe intitulé : Notes historiques sur le conte de la servante écarlate. Il s’agit en fait de quelques pages d’une conférence qui se passera dans le futur en l’an 2195 (l’histoire se déroule à la fin du XXe siècle ou au début du XXIe siècle) et qui relate l’exposé que fera le Professeur Piexoto sur des bandes magnétiques datant de l’époque Giléadienne sur lesquelles se retrouvent la voix de Defred et son histoire que l’on a lue précédemment dans le roman. L’époque Giléadienne c’est justement ce moment là de l’histoire américaine expliquée par des historiens du futur. Atwood nous donne donc des éclaircissements sur la mise en place d’un tel gouvernement tout en voulant nous en dire plus sur son héroïne quoiqu’elle ne le fasse pas vraiment. En bref, comment mieux commenter un roman qu’en utilisant les mots de l’auteur même : << Je voudrais qu’elle [l’histoire] ait plus de forme. […] Je regrette qu’elle soit en fragments, comme un corps pris sous un feu croisé ou écartelé de force. >> (page 297). Comme vous l’avez dit Mme Atwood, mais c’est tout ce que l’on a à vous reprocher quoique tout en frôlant le génie vous ne le touchiez point.

Autres livres de l'auteur :

- L'odyssée de Pénélope (2005)

- Le tueur aveugle (2000)

- La voleuse d'hommes (1994)

- Marquée au corps (1983)

- Lady Oracle (1980)

- etc.

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