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La bouquinerie aux deux colombes
8 juin 2008

L'art du maquillage

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Sergio Kokis (1944-)

Éditions XYZ

394 pages

2002

Max Willem a un talent certains pour l'art, il est passionné de la peinture et un très grand dessinateur. Bien entendu, à notre époque (ou du moins presque à notre époque) on ne peut pas vivre du dessin, c'est un art mineur aux yeux de tous et cela malgré les efforts de Max. Le temps passant, Max découvre que son talent peut l'amener plus loin que ce à quoi il s'attendait, car il est apte à imiter le style de grands peintres.

Il commence tout d'abord par imiter les oeuvres de grands peintres québécois, puis se sera Egon Schiele,schiele mais n'étant qu'un débutant, Max se fait vite remarquer dans le marché de l'art en vendant ses faux et il tombe sur des gens qui lui suggèrent de travailler pour lui. Ils lui offrent de financer son éducation de faussaire en échange de contrats qu'il devrait réaliser. Max désirant accumuler de l'argent accepte, mais il découvrira vite que son âme sensible d'artiste ne lui permettra jamais de travailler bien longtemps simplement sur les oeuvres des autres. Ainsi, il comprendra que mettre son art au profit de l'argent c'est vendre son âme au diable et en essayant de la retrouver il se fera escroquer par ceux qui financent son enseignement. Désormais, il devra trouver un moyen de se sortir et du pétrin et de la souffrance psychologique dans laquelle il est en train de se perdre.

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Il y avait bien longtemps que je n'avais pas lu un livre qui m'avait autant plut. Avertissement à tous les artistes qui, comme moi, se sont retrouver devant le syndrome de la toile blanche, incapable de peindre, de dessiner, de sculpter, bref vous comprendrez ce que je veux dire : voilà le livre qu'il vous faut !! Avec ce roman, Sergio Kokis passe l'histoire de l'art en revue à travers les nombreux artistes que Max doit imiter et cela à de quoi nous inspirer !

La perdition que vit Max en vendant son art pour faire des faux est tellement réaliste, on ressent saKokis souffrance au plus profond de nos entrailles et la plume de Kokis sait nous la faire sentir avec une vivacité accru par son grand talent d'écrivain. Toutefois, la relation du personnage avec l'être humain et le faux peut parfois nous faire tourner la tête. L'être humain est faux, mais en passant dans la main de Willem il devient pure vérité, car tous ses défauts sont amplifiés par le trait du crayon, tout est analysé minutieusement et reproduit avec une perfection étonnante.

Quoiqu'il en soit, un livre excellent que je conseille à tous, même ceux qui ne s'y connaissent pas en art, c'est le moment où jamais d'accroître vos connaissances ! De plus, le dossier d'accompagnement écrit par Frédérique Izaute est vraiment très intéressant. On y trouve une analyse fort détaillé de l'oeuvre, la biographie de l'auteur, mais surtout une petite entrevue avec Sergio Kokis qui nous le fait soit aimé, soit détesté (je me suis effectivement trouvé beaucoup de ressemblances avec celui-ci, mais sa perception de la famille m'a effrayé et celle de la littérature québécoise m'a irrité, voir insulté. Je vous le ferai comprendre dans les extraits).

Extraits du livre

<< La conquête, Max, la possession de l'objet convoité est moins importante dans notre métier que la convoitise elle-même. C'est cette dernière qui déclenchera l'appétit de la conquête, qui déliera la bourse de l'acheteur. L'important, ce n'est pas l'objet en tant que tel, mais ce que l'objet ajoutera à notre image, au désir que nous lirons dans les yeux d'autrui. Est désirable, curieusement, ce qui nous rend désirables aux yeux des autres ; et bien souvent, on désire un objet pour que les autres en soient privés. >> p.226

<< Dans votre roman, justement, la famille est très éclatée.
Kokis : Dans tous mes romans c'est comme ça, parce que je ne connais rien d'autre. Parmi les gens que je connais, certains disent, surtout à l'époque de Noël : << Ah ! je vais recevoir 25 personnes. >> Moi, je suis tellement heureux, je n'ai personne. J'ai deux enfants, adultes, qui viennent manger de temps en temps, mais chacun vit chez soi. Ma maison est à moi tout seul ; c'est un lieu de travail où il ne faut pas me déranger. Avec l'idée de famille comme on peut la voir ici ... moi, je me sentirais envahi, je paniquerais, j'émigrerais si j'étais Québécois. >> dossier d'accompagnement p.353

Autres livres de l'auteur

- Le magicien (2002)
- La danse macabre du Québec (2000)
- Un sourire blindé (1998)
- Errances (1996)
- Le pavillon des miroirs (1994) 

Lu dans le cadre du Challenge ABC 2008

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