L'hôtel New Hampshire
Éditions du Club Québec Loisirs
473 pages
1982
John Berry est le troisième d'une famille américaine qui comptera 5 enfants :Frank, Franny, John, Lilly et Egg. Dans ce roman, il nous raconte l'histoire un peu abracadabrante de sa famille très clairement pas comme les autres en passant par les moments heureux tout comme ceux l'étant un peu moins (très nombreux ceux là) et par trois Hôtel New Hampshire. Cette histoire s'étale sur plus de vingt ans et sur tout autant de souvenirs. Elle nous fait connaître deux continents et deux ours, un pas très futé et une, par trop intelligente. On y rencontre aussi deux Freud, une naine qui désire grandir, un chien empaillé qui flotte et revient constamment hanté la famille, ainsi qu'une bombe de solidarité. Des choses étranges on en croise avec ces gens là, mais c'est l'amour qui lie chacun des membres de la famille qui nous étonnera, car avec eux on va traverser un viol, plusieurs deuils très rapprochés, plusieurs échecs monétaires, de nombreux rêves avortés, tout autant d'échecs amoureux et sexuels, ainsi qu'un attentat à la bombe.
Commentaires
Me voici rendu à mon second livre de cet auteur, car j'avais précédemment lu Le monde selon Garp qui m'avait semblé un chef d'œuvre et je me demandais bien qu'arriverait-il avec celui-ci : sera-t-il ou non aussi génial que l'autre roman d'Irving ? Alors voici ma réponse ... roulement de tambour tralalalalalatralalalalala. Oh ça oui ! Le charme opère encore et encore.
J'ai beau ne pas trop aimé les auteurs américains, celui-ci je ne peux que l'adorer! On dirait que tout au long de notre lecture on vibre au même diapason que l'auteur et alors qu'on va refermer le livre en ce disant : << Non, mais il manque vraiment quelque chose. C'est trop moche ce qui arrive aux personnages. >> Eh bien, l'auteur se dit exactement la même chose et connaît cet élément qu'on a en tête et qu'il va bien entendu nous dévoiler sous peu.
De plus, les thèmes abordés par Irving me séduisent à chaque fois : la création sous forme de l'écriture, la famille, le droit de la femme et des victimes, le désir de rêver, mais surtout c'est de voir qu'un homme est capable de les traiter avec autant de sensibilité. Effectivement, ce n'est pas tous les hommes qui sauraient incorporés le mouvement féministe dans ses écrits avec autant d'amour et cela sans jamais tomber dans le machisme ou le féminisme extrémiste. Et la touche de fantaisie que Irving met dans ses romans est implantée dans un décors tellement réel, qu'on se dit << pourquoi pas ? >>, le fantastique devient tout à fait plausible. Des ours dans un side-car. Bah, ça arrive tous les jours. N'est-ce pas ?
En fait, tout ce que je reprocherais et même très légèrement à ce roman-ci se sont tous ces malheurs dont sont accablés et les personnages et le lecteur. J'avais l'impression alors même que la fin du roman devait nous donner une touche d'optimiste qu'au fond, aucun membre de la famille Berry n'était vraiment devenu quelqu'un et n'avait atteint ses rêves. Non, mais John est un parfait looser en fin de compte, non ? D'accord, d'accord, c'est moi qui pousse trop fort car j'aurais TELLEMENT VOULU que certains personnages restent en vie, sniff.
Extrait
Un petit extrait pas très représentative de la qualité d'écriture de John Irving, mais seulement pour vous montrez à quel point certains personnages sont vraiment hilarants. Après tout, c'est aussi ça Irving, un brin d'humour alors même que tout semble sombre.
<< L'orgasme bidon d'Annie la Gueularde avait le pouvoir de tirer Lilly en sursaut de ses pires cauchemars, le pouvoir de faire s'asseoir Frank tout raide sur son lit en hurlant de terreur à la vue de la silhouette sombre du mannequin tapi au fond de la chambre, le pouvoir de m'arracher au plus profond sommeil - soudain tout éveillé, en proie à une érection, ou les mains crispées sur ma gorge qu'il me semblait qu'une lame venait de trancher. Annie la Gueularde, à mon avis, était un argument de poids - à elle seule - pour bannir les putains de l'étage situé juste en dessous du nôtre. >> p.269
Autres livres de l'auteur
- Je te retrouverai (2005)
- La quatrième main (2001)
- La petite amie imaginaire (1977)
- Une prière pour Owen (1989)
- L'oeuvre de Dieu, la part du Diable (1985)
Lu dans le cadre du Challenge ABC 2008