Le dernier jour d'un condamné
Lecture commune avec DeL
Victor Hugo
Librio
1995
97 pages
<< Adieu l'espoir, adieu les roses, adieu la nature et le vent ; tout cela n'est plus à moi. Et Marie, ma pauvre petite fille ! Qui t'aimera désormais ? Mon coeur saigne toute ma rage ... >>
Qui parle ? Un homme semblable à tous les autres, dans l'attente de la mort. Dehors dans la lumière pâle du petit matin, la guillotine projette son ombre sur le pavé. Dans quelques heures, cet homme sera exécuté. Son crime ? Il n'en dit rien. Le temps presse. Sur le papier qui lui reste, il jette encore ses terreurs et ses angoisses, se souvient du bonheur enfui ... Qu'espère-t-il ? Conserver la force de se tenir debout.
<< Que ce que j'écris ici puisse être un jour utile à d'autres, que cela arrête le juge prêt à juger, que cela sauve des malheureux, innocents ou coupables, de l'agonie à laquelle je suis condamné ... >> (4ième de couverture)
Et demi. Ce livre est habituellement lu dans les cours de français du secondaire, mais je n'étais pas encore passé par là ;) Alors quand mon amie a décidé de liquider ses livres, je me suis dit pourquoi pas le prendre (en fait, j'ai pris tout ses livres ou presque lol). Mais bon, il a poireauté un bon bout de temps dans ma PAL avant d'en sortir finalement, grâce à DeL en grosse partie.
C'est assurément un bon petit livre. On s'attache au personnage qui est un lettré, contrairement à la plupart des personnes condamnées à mort et il est loin d'avoir les outils nécessaires afin d'accepter son état. Il n'est pas calme comme les autres, il ne peut croire qu'il va mourir, il garde espoir, puis le perd, tombe dans les pires pensées. Mais aussi dans les meilleures, car il divague, songe à son passé, à sa petite Marie, à l'époque où il était heureux.
Mais je dois avouer que ce que j'ai vraiment apprécié c'est le fait que jamais Hugo ne mentionne la raison pour laquelle son personnage est condamné à mort. Ainsi, il traite vraiment son texte afin que l'on ne puisse que juger la façon dont sont traités ses criminels et non pas le criminel en question. Nos propres émotions ne rentrent pas en ligne de compte. Mieux que cela, il déroule son histoire avec tellement de talent et de doigté que nous restons accrochés et que nous n'avons même pas le temps d'essayer de deviner pourquoi il est condamné. Ah vraiment, un bon petit livre qui nous enseigne beaucoup sur une époque dure.
N.B : Je trouve que cette lecture tombe bien, alors que plus de cent ans après son écriture, les États-Unis s'apprêtent à fusiller un condamné à mort en Utah. Spécifions toutefois que c'est le criminel lui-même qui a choisi cette méthode d'exécution. Voir ici.