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La bouquinerie aux deux colombes
3 novembre 2011

Au beau milieu, la fin

au beau milieu, la fin

Denise Boucher

Leméac

2011

155 pages

 


 

 

Après un long séjour à l’étranger, Adèle retrouve son appartement saccagé. C’est une petite fin du monde, car Adèle est … devenue vieille du jour au lendemain, dirait-on. Et ce monde n’est pas pour les vieux, ni pour les désargentés. Mais faut-il pour autant se taire et disparaître ?

Avec un courage et une ténacité qui ne se démentent pas, Denise Boucher aborde de front cette période de la vie qu’on a l’habitude de dissimuler dans des maisons conçues pour elle.
dos de couverture

 

4coeurs copyDenise Boucher est avant tout une poète, c’est fort probablement la raison pour laquelle j’avais tant aimé, Les fées ont soif, pièce de théâtre qui dénonçait le rôle de la femme dans la société. Son écriture est tout sauf ordinaire. Elle est magnifique, elle est chantante, toute en petite phrase courte qui nous frappe au passage. Denise Boucher n’écrit pas à la légère, elle crée pour dénoncer, ce n’est donc pas pour rien qu’elle est sortie de son mutisme de plusieurs années pour publier son tout premier roman alors même qu’elle est presque octogénaire.

« J'ai eu l'idée d'écrire ce roman en lisant un énième article qui commençait avec «Compte tenu du vieillissement de la population». Ça m'a agressée parce que c'est comme si c'était devenu banal de dire ça, et ça se terminait avec une question: «Êtes-vous pour ou contre l'euthanasie?»  
Source : http://www.cyberpresse.ca/arts/livres/201109/23/01-4450522-denise-boucher-la-vieillesse-sans-fard.php

Une fin qui donne un sourire amer sur les lèvres, non ? Je vous suggère ardemment d’aller lire cette entrevue chez cyberpresse qui vous fera découvrir la femme derrière le roman.

Continuons … vous l’aurez compris le sujet traité ici, est la vieillesse et comment la vivre au Québec avec tous ces problèmes qui touchent nos aînés et la perception que nous avons de ceux-ci, tout en ajoutant au passage les nombreux cas de maltraitance qui passent à la télé et dans nos journaux. Oui, voilà un sujet bien d’actualité. Toutefois, l’auteure voulait aussi parler d’amitié, d’amitié entre femmes. Lors de son passage à l’émission Tout le monde en parle, Mme. Boucher nous rappelle qu’à une certaine époque l’amitié entre nous était carrément interdite ! Une des nombreuses raisons qui explique que la femme était enfermée au foyer. D’ailleurs, cette amitié m’a un peu déboussolée, non seulement parce que le roman est sous forme de courriel envoyée par le personnage principale à sa meilleure amie partie on-ne-sait-où et qui ne répond jamais, mais surtout parce que dès le début j’ai ressentie que ce lien était beaucoup plus fort que celui qui attache Adèle à son mari Zut.denise boucher

Dans son désir de nous faire découvrir les maux qui touchent les gens âgés, Denise Boucher nous livre un texte aux allures presque autobiographiques. Bien entendu, ce que nous ignorons c’est à quel point ce que l’on lit est réellement arrivé à la poète, mais il n’empêche que tout nous semble véridique. La fragilité qui habite Adèle, nous la ressentons au plus profond de nous. Malheureusement, j’ai dès le début, dû travailler sur ma perception de l’histoire, car étant âgée de 25 ans, je ne peux pas m’imaginer ce que s’est que d’en avoir 80. J’ai eu toute les difficultés du monde à comprendre pourquoi Adèle réagissait violemment à certains évènements et non à d’autres, alors que moi-même je donnais plus d’importances aux seconds qu’aux premiers. J’ai donc gardé, malgré moi, une distance par rapport à l’histoire dû à mon incompréhension, ce qui ne m’a pas empêché d’apprécier toutes les qualités du récit.

Ce que je déplore surtout, c’est que cette nouvelle publication est passée inaperçue dans la rentrée littéraire. Ni Entre les lignes, ni le Libraire n’en parle ! Est-ce que c’est moi qui ai loupé les publications ?? Quoiqu’il en soit, un très gros merci à Guy A. Lepage qui a, non seulement, parlé du livre (son coup de cœur de la rentrée) à son émission Tout le monde en parle, mais a aussi invité l’auteure lors de la dernière émission. Un autre merci au prochain Salon du livre de Montréal qui va me permettre de rencontrer Mme. Boucher pour faire dédicacer mes livres !!! J’ai tellement hâte !!

« Je le vois parce que le tri des livres à jeter et à garder est devenu un peu plus méchant et moins sentimental. Du respect du livre pour le livre, je me dégage. » p.23

« Et le ciel est si bleu et les feuilles si tombées et les branches si nues et les pas de la rue si pressés et les mouettes rieuses si agaçantes et Marcelle si disparue que je suis surprise du bien être de mes os. » p.63

« Chaque fois que je me plains, j’apprend les maux des autres et ma plainte tombe dans le néant. Si au moins elle tombait à l’eau, je pourrais la repêcher. » p.77

Autres livres commentés :
- Les fées ont soif

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