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La bouquinerie aux deux colombes
26 décembre 2011

Kuessipan

kuessipan

 

Naomi Fontaine

Mémoire d’encrier

2011

113 pages

 


«J’aimerais que vous la connaissiez, la fille au ventre rond. Celle qui élèvera seule ses enfants. Qui criera après son copain qui l’aura trompée. Qui pleurera seule dans son salon, qui changera des couches toute sa vie. Qui cherchera à travailler à l’âge de trente ans, qui finira son secondaire à trente-cinq, qui commencera à vivre trop tard, qui mourra trop tôt, complètement épuisée et insatisfaite. Bien sûr que j’ai menti, que j’ai mis un voile blanc sur ce qui est sale. » dos de couverture

3etdemi

Comment voulez-vous que l’on résiste à ce genre de dos de couverture, hein ? Spécialement quand il ne te manque que quelques dollars pour pouvoir bénéficier du transport gratuit, bon d’accord, ce livre coûtait bien plus que quelques dollars, mais tout de même. D’ailleurs, je l’ai trouvé fort dispendieux pour un livre si mince, mais il est vrai que l’édition est très belle et de bonne qualité.

Avant de commenté ce livre qui n’est ni un vrai roman, ni de la vraie poésie (dans le sens où on l’entend en édition), ni même un recueil de courts récits, mais plutôt un mélange de tout ça, je dois vous présenter cette auteure. Naomi Fontaine n’a que 23 ans et il s’agit de son premier livre, mais elle est surtout l’une des rares plumes innues du Québec. Comme on peut le lire dans la dernièreinnus ligne du derrière de couverture, elle a voulu dépeindre ce qu’elle a connu comme existence dans les réserves et à la fois, on sent que c’est autre chose qu’elle voudrait nous conter. Elle nous fait découvrir l’urgence de vivre de ces Amérindiens privés de leurs racines et de leurs raisons d’être. Ils se sentent un peu comme une espèce en voie de disparition, mais dont les principaux prédateurs serait l’alcool, l’ennui et la pauvreté. Cette réalité, elle nous la dévoile avec lenteur à coup de petits bouts d’histoires intimistes, écrit d’une plume magnifique.

Même si je trouvais que la forme de l’histoire m’allait très peu, m’imposant un rythme lent qui me faisait souvent décrocher, j’ai beaucoup apprécié ce que l’auteure nous fait découvrir. Elle ne veut pas que nous restions dans le cliché des Amérindiens alcooliques, mais plutôt que nous découvrions les réalités sombres et parfois beaucoup moins sombres de la vie dans les réserves. Elle a voulu donné une voix à une minorité qui n’en a plus, que plus personne ne défend et que nous enfermons dans des réserves pour oublier qu’il y a quelques centaines d’années nos ancêtres les ont massacrés, asservis, montés les uns contre les autres … bon passons, je suis un peu sombre de ce côté là, mais c’est l’impact de Aminata quoique … il faut se dire les vraies affaires, hein ?

Quoiqu’il en soit, je trouve que cette auteure a un potentiel gigantesque et j’espère bien qu’elle continuera d’écrire, mais surtout d’écrire pour les autres Innus.

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