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La bouquinerie aux deux colombes
1 septembre 2016

La main gauche de la nuit

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Ursula K. Le Guin

Le livre de poche

1979

409 pages

 

« Sur Gethen, la planète glacée que les premiers hommes ont baptisée Hiver, il n'y a ni hommes ni femmes, seulement des êtres humains. Des androgynes qui, dans certaines circonstances,
adoptent les caractères de l'un ou l'autre sexe.
Les sociétés nombreuses qui se partagent Gethen portent toutes la marque de cette indifférenciation sexuelle. L'Envoyé venu de la Terre, qui passe pour un monstre aux yeux des Géthéniens, parviendra-t-il à leur faire entendre le message de l'Ekumen ? » 4e de couverture

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Genly Aï est un envoyé de l'Ekumen une organisation interplanétaire qui essaie de réunir des planètes habitées d'humanoïdes qui n'auraient pour la plupart, pas les moyens technologiques de communiquer ou de commercer ensemble si ce n'était de cette union. La règle est bien claire, un seul envoyé à la fois pour éviter que cela ne paraisse comme une invasion. Genly, lui, doit unifier Gethen, une planète glacée où existe un peuple qui n'est ni homme ni femme. Un peu comme les chats en chaleur, les Géthéniens tombent en kemma et ne se différencie que lors de l'union charnelle. Devenant mâle ou femelle de façon aléatoire. Lorsqu'ils sont en kemma les Getheniens sont considérés comme inaptes au travail car possédé par le désir de s'unir. Que penser donc de cet étranger qui est perpétuellement en kemma ? Que penser de cet homme venu seul et qui demande de se lier à l'Ekumen alors que les gens de cette planète n'ont même jamais pensé à voler ? Genly se retrouvera face à un monde divisé où les conflits, les trahisons, les secrets et les mensonges sont partout.

Lorsque j'ai décidé de découvrir cette auteure, je pensais commencer par la saga de Terremer simplement parce que je l'avais vu passer plus d'une fois sur les blogs mais voilà que mon Guide totem de la science-fiction me proposait plutôt ce livre comme chef d'oeuvre d'Ursula Le Guin. Pourquoi pas ? Je préfère de loin la science-fiction au fantastique. Une fois à la bibliothèque je n'ai trouvé qu'un exemplaire défraîchi,  annoté par quelqu'un qui mériterait bien quelques coups de règle sur les mains (je me sens sadique aujourd'hui, j'ai mal dormi, il faut me pardonner). Je l'ai loué en me disant que je ne le lirais pas. Étrangement, du haut de ma cheminée où je l'avais relégué il m'a appelé, tenté et je n'ai pas été déçue du tout.

Ce monde glacé où l'on ne peut se déplacer en véhicule terrestre que quelques mois par année et même alors, à vitesse réduite (pourquoi se presser ?) car la glace y ensevelit tout, je le comprenais très bien. Je m'imaginais parfaitement cette terre stérile où quasiment rien ne pousse, où on n'y trouve pas de gros mammifères donc peu de viande, où les gens possèdent un langage terriblement variée afin de parler de la météo et de ses différentes précipitations (c'est ce qui manque au français je crois, slush, frette, verglas, etc, ça ne suffit pas). Je me suis sentie chez moi tout de suite. Je me voyais bien être une Géthénienne (oups, ça n'existe pas) endurcie au froid qui ne comprends pas cet étranger grelottant. Et puis, le périple de Genly nous permet de nous adapter à ce peuple aussi différent les uns des autres que les humains de la terre.

Pour ce qui est de l'absence de différenciation sexuelle des Géthéniens, quelle idée merveilleuse ! L'auteure m'a donné à réfléchir. Personnellement, je ne crois plus vraiment à l'égalité des sexes, il y a trop, dès la naissance, de différence entre les garçons et les filles que ce soit les couleurs qui leurs sont attribués ou les jouets et ce battre comme je l'ai fait contre ce mouvement social est vain. Un jour ou l'autre ta fille arrive de la garderie et elle voudra jouer à la princesse et mettre des robes roses. C'est inévitable ... sauf avec ce peuple que nous propose Ursula Le Guin. Aucune différence de traitements entre-eux. Même si l'idée est déstabilisante et qu'il est quasiment impossible à Genly de ne pas essayer constamment de chercher des éléments typiquement féminins ou masculins chez tout ceux qu'il rencontre, cette asexualité et cette androgynie est un thème merveilleux à découvrir et l'auteure l'aborde avec beaucoup de talent. Elle ne tombe pas dans le panneau voulant promouvoir l'un des deux sexes, il n'y a pas de remarque sur le fait de porter des enfants par exemple, les Géthéniens que l'on rencontre et qui n'ont jamais enfanté n'en semble pas amer ou amoindri d'une quelconque façon. 

Grâce au merveilleux travail de l'auteur le peuple géthénien nous paraît parfaitement réel et très bien imaginé. Malgré toute la duperie que l'on peut découvrir dans les différents gouvernements, on ne peut s'empêcher de s'attacher à ces êtres. Le rude climat qu'ils doivent subir les a modelé en un  Il s'agit d'un Planet Opera comme je les aime et encore mieux ! Une chance qu'il fait parti d'un cycle, je suis aux anges !

Extraits :

- « C'est très bien de voyager vers un but, mais ce qui importe, en fin de compte, c'est ce qu'apporte le voyage lui-même.» p.298

- « Je dirais que le facteur le plus lourd dans une vie humaine, c'est le sort qui vous fait naître homme ou femme. Dans la plupart des sociétés cela exerce une influence déterminante sur ce qu'on peut attendre de l'existence, sur les activités qu'on exerce, sur la conception que l'on a des choses, sur le sens moral, sur les moeurs - sur tout ou presque - vocabulaire, sémiologie, habillement, nourriture, même. »p. 317

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