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La bouquinerie aux deux colombes
4 novembre 2016

Oscar De Profundis

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Catherine Mavrikakis

Héliotrope

2016

324 pages



«Une épidémie mortelle ravage Montréal. Depuis la création de l'État mondial, des hordes de miséreux errent dans la ville. Certaines zones leur ont même été temporairement abandonnées afin de les maintenir à distance des nantis des banlieues. Des troubles éclatent. Avant qu'il ne soit trop tard, Cate, la chef d'une des bandes de crève-la-faim, veut frapper un grand coup.
Le chanteur Oscar De Profundis, devenu star planétaire, est de retour après une longue absence. Sa ville natale reste emplie de souvenirs funestes. Pour ses fans, particulièrement nombreux et fervents, il vient donner deux concerts extraordinaires. Cependant, l'état d'urgence est déclaré et, pour sa protection, Oscar doit demeurer confiné dans la somptueuse maison où son homme de confiance l'a installé avec toute l'équipe De Profundis.
Durant la nuit, Oscar, envahi de sombres visions de son passé, ne parvient pas à trouver le sommeil malgré les calmants de toutes sortes. Il ignore la peste qui sévit à l'extérieur. Comme toujours, il s'absorbe dans la préservation des cultures en voie de disparition. Il élabore musées et mausolées à la gloire d'un monde francophone englouti dans la culture mondiale.
Dehors, la rumeur continue de gronder. Avec l'aide de complices, dont les fidèles Balt et Mo, ainsi qu'Adrian, le vieux libraire, Cate s'apprête à tenter l'impossible et à faire jouer à Oscar un rôle déterminant dans la révolte des pauvres.
Un roman apocalyptique dans lequel Catherine Mavrikakis imagine un avenir proche où les inquiétudes de notre temps se sont matérialisées. Alors que tout est perdu, la romancière nous persuade du pouvoir profondément consolateur de la littérature et des arts.
» dos de couverture

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Me voilà enfin à mon premier livre d'une auteure dont j'ai amplement entendu parlé : Catherine Mavrikakis et comme le post-apocalyptique semble être à la mode ces temps-ci je n'ai pas pu m'empêcher de commencer par son petit dernier qui nous plonge dans un Montréal en plein chaos. Je dois l'avouer d'emblée, j'ai eu de la difficulté à imaginer ma ville telle que la décrivait Mavrikakis. De penser à tous ces magnifiques bâtiments complètement abandonnées, aux rues envahies de sans-abris, à la population mieux nantie qui fuit la ville pour les banlieues.

La vision très sombre de l'avenir à laquelle l'auteure tente de nous faire croire me semblait trop lourde. Quand sévit la mort noire, les riches s'enferment dans leur maison et laisse les gueux crevés horriblement à leur porte barricadée. Est-ce possible que l'humain puisse perdre à ce point sa bienveillance et son envie de combattre ? Bien entendu, il reste dans ce nouveau monde qui a un goût d'apocalypse, quelques personnes qui ont connu un passé meilleur alors que la population avait encore accès à la connaissance et où il n'existait aucun État Mondial pour décider à votre place de ce que vous avez le droit de créer. Ce sont ces personnages que Mavrikakis a décidé de nous présenter, des gueux et des riches. Cate, la chef d'une bande de sans-abris est sûrement l'une des dernières a posséder encore des envies de rébellion et à espérer que ceux de sa race ne meurt pas dans le silence. Autour d'elle, il y a ses fidèles acolytes dont nous ne connaissons pas le passé sauf pour cet intellectuel, Adrian le dernier libraire. Puis, il y a Oscar de Profundis, un chanteur rock très riche qui cache derrière son désintéressement du monde extérieur et son cynisme un réel amour des mots, au point d'en collectionner les livres, les films et les cadavres de personnalités célèbres. On comprendra que ces gens ne sont pas fait pour se rencontrer et pourtant, ce 15 novembre, le jour de la mise en quarantaine de Montréal, Oscar de Profundis se retrouvera coincé dans la ville, incapable d'en sortir tout comme tous ces gueux mourants.

L'idée que la culture et la connaissance puisse sauver le monde et donner l'envie de combattre n'est pas nouvelle. Pourtant, l'auteure traite ce sujet d'une façon magnifique et les citations se multiplient tout au cours de notre lecture. On en vient à croire qu'il n'y a pas que du mauvais qui puisse sortir de toute cette histoire et que l'auteure nous cache peut-être un lapin dans son chapeau. Pour ma part, je déplore de ne pas avoir pu me laisser aller à croire en ce monde anarchique mais la rencontre de ces personnages charismatiques en valait bien la peine.

Extraits :

- «Le souffle, une fois qu'il est donné à l'organisme, s'accroche désespérément à la vie. Le corps. on ne sait pourquoi, s'acharne à prolonger le mécanisme respiratoire. Quoi qu'il arrive, l'existence s'entête, trop opiniâtre pour reconnaître rapidement sa défaite inéluctable. »p.17-18
- «L'homogénéité des esprits et des corps étaient les garanties de la stabilité de l'État. Et il était donc impossible aussi de ne pas se soumettre à ces formes prêt-à-porter dans lesquelles la pensée actuelle se moulait. Seul l'argent permettait une certaine excentricité.» p.290

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Commentaires
M
Il est dans ma PÀL... Je n'ai encore jamais lu Catherine Mavrikakis et tes bémols me refroidissent un peu. Je commencerai sans doute par Le ciel de Bay City, histoire d'apprivoiser cette auteur. D'autant plus qu'après le très très bon Station Eleven, je crains la comparaison au niveau post-apocalyptique...<br /> <br /> Reste à savoir si tu iras de l'avant dans ta découverte de cette auteure?!
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