Dernier rapport sur les miracles à Little No Horse
Éditions Albin Michel
533 pages
2003
Le père Damien Modeste porte un lourd secret et sa mémoire est trouée comme une gruyère lorsqu'il pénètre pour la première fois sur la réserve de Little No Horse afin d'y prendre son poste de prêtre dans le peuple anishinaabeg. Sa tâche est de convertir les Amérindiens à la religion chrétienne, mais le temps passant il s'attache aux gens de cette réserve et peut-être est-ce même finalement lui qui est converti.
Au moment où se passe l'histoire, le père Modeste a presque cent ans, son histoire est aussi profondément ancrée dans le peuple anishinaabeg que beaucoup d'autres familles amérindiennes dont il est maintenant le porteur des secrets mais voilà qu'arrive un prêtre (le prêtre Jude) venu droit du Vatican afin d'enquêter sur la possibilité de canoniser une des sœurs ayant vécu là. Si les rumeurs disent d'elle qu'elle fut une sainte de son vivant, ce que le prêtre Damien Modeste et beaucoup d'autres personnes on a en dire et tout à fait différent. Toutefois, le prêtre Jude se frappera le nez contre le silence de beaucoup des habitants de la réserve, seul le père Damien se laissera tenter à parler, mais avant tout il devra raconter à son homologue plus jeune toutes ses années sur la réserve en tant qu'ecclésiastique, voilà qui pourrait être bien intéressant.
Commentaires
Je m'étais procurée ce livre car j'avais précédemment adoré le roman La chorale des maîtres bouchers de cette même auteure, mais si ce roman ne s'est pas avéré aussi séduisant que l'autre, il n'a pas non plus été une torture à lire, car je l'ai carrément dévoré. Malheureusement, le thème des Amérindiens opprimés par les hommes blancs est certes encore d'actualité, mais me semblait bien moins attirant qu'autrefois. Il est évidement fort intéressant de suivre l'histoire de toutes les familles de la réserve tout au long de la vie du Père Modeste et même plus encore, toutefois à ce sujet, une chance que l'on a la première page qui explique les multiples liaisons, car autrement on s'en sortirait jamais ! Parfois, j'avais même l'impression que l'auteure se trompait de personnage (quand t'as dix Marie, à un moment donné c'est un peu compliqué à suivre), mais ce n'est sûrement pas moi qui vait lui dicter son travail !
Je dois applaudir Louise Erdrich sur un point : ses personnages sont véritablement criants de vérité, ils ne sont aucunement idéalisés ou enlaidis et on y croit ! Bien entendu, il est à noter que certaines parties de l'histoire sont un peu plus fantastiques que ce à quoi on s'attendrait dans la vie de tous les jours, mais ça n'a fait qu'ajouter du piquant à ma lecture. En bref, si cette lecture ne m'a pas particulièrement envoûté, je ne me décourage aucunement et je me permettrai dans le futur sûrement d'autres livres de cette auteure. Le thème simplement me convenait moins qu'à l'habitude.
Extrait :
<< Nous voyons passer les saisons, les lunes s'arrondir et s'obscurcir, les nourrissons devenir des vieillards, mais ceci n'est pas le temps. Nous voyons l'eau battre contre le rivage et à chaque vague nous disons qu'un moment a passé, mais ceci n'est pas le temps. En nous, nous sentons notre force passer de la faiblesse d'un bébé à la force d'un jeune, puis à l'endurance d'un homme pour revenir à la faiblesse d'un bébé, mais ceci n'est pas le temps non plus, pas plus que ne le sont vos pendules et vos cloches d'hommes blancs, ni le soleil qui se lève et le soleil qui se couche. Ces choses-là ne sont pas le temps. [...] Le temps est un poisson, [...] et nous vivons tous sur le rayon de sa nageoire. >> p. 234
Autres livres de l'auteur :
- Ce qui a dévoré nos coeurs (2007)
- L'amour sorcier (2003)
- L'épouse antilope (2002)
Lu dans le cadre du Challenge ABC 2008