Électrons libres
En collaboration avec Les Éditions Le Livre de Poche
Éditions Le livre de Poche
2004
573 pages
Cooper James se voit soudainement retirer son emploi dans une base militaire anglaise le jour où y est envoyé à son intention une boîte à café qui s'avère être les cendres de son père qu'il n'a pas vu depuis plus de vingt ans (il va s'en dire, que ses employeurs on crût à une alerte à l'anthrax). Afin de connaître la cause de son décès, mais aussi la personne ayant envoyé le colis, Cooper part sur un coup de tête en Amérique sur les traces de l'histoire de Jack Reever, son paternel. Si à l'époque de l'enfance de Cooper, Jack était un artiste contestataire, ce que lui dévoile son périple est une vision bien différente de son père. Passant du sculpteur de granit, il devient un passionné des déchets nucléaires il utilise même certaines pièces à fortes radiations pour une exposition dénonçant la pollution causée par celle-ci. Pourtant Cooper est complètement désarçonné vers la fin du livre lorsqu'il se retrouve dans une petite ville prônant l'utilisation de l'énergie nucléaire où son père aurait, semble-t-il fait des conférences. Qui était véritablement Jack Reever ? C'est ce que Cooper tentera de démêler tout le long des nombreuses histoires un peu loufoques qui lui tomberont dessus.
Peut-être bien que ce résumé ne vous a pas mis l'eau à la bouche, car c'est vrai que ces << quêtes identitaires >> (si je puis m'exprimer ainsi) sont de plus en plus communes dans la littérature de nos jours. Toutefois, ne vous fiez pas à cela, car ce livre est vraiment excellent ! L'auteur, James Flint,
c'est très largement inspiré de l'histoire et des oeuvres de l'artiste James L. Acord pour écrire celle de Jack Reever et ce roman nous vient accompagné de plusieurs photos qui nous rende notre aventure en Amérique bien plus véridique du coup ! En fait, il fallait bien s'y attendre mais c'est le côté étrange et artistique de Jack qui m'ont plut (non ce n'est pas son fils qui a lui aussi une sorte d'étrangeté, mais moins attirante disons). Quand la personne que l'on recherche est une personne de qui l'on désire connaître l'histoire, c'est bien plus alléchant !! C'était toutefois rageant de découvrir que plus l'on avançait dans ce roman et plus le caractère de Jack semblait changer, en fait il mutait constamment d'endroit à endroit si bien que Cooper lui-même se rendait bien compte que ce n'était plus là les traces de son père qu'il avait trouvé, mais celle des images que s'étaient formées les personnes l'ayant rencontré. Car comment quelqu'un ayant lutté contre les déchets produits par l'énergie nucléaire peut soudainement, aller vivre dans une ville si fier de son réacteur ?? Alors, le désespoir gagne Cooper et par le fait même, le lecteur. L'on finit par avoir l'impression que l'on nous a monté un très très gros bateau.
Autre chose, je n'en reviens pas de la quantité d'informations que nous lance l'auteur. Il s'est véritablement bien documenté ! Dans ce livre on en apprend vraiment beaucoup sur l'énergie nucléaire, au point que mon cerveau ne pouvait même plus suivre (suis-je une idiote :( ? ) !! Mais pour moi, le plus enrichissant était de découvrir le monde des contestataires, de ces groupes hippies dont les oeuvres d'art me semblaient tellement originales (je parle entre-autre, du moule de la carcasse d'un bébé épaulard échoué). Bien entendu, je n'accrochais pas véritablement dans cette croyance de l'alchimie ou autre trucs de ce genre, mais j'ai été très attiré par l'idée de la peinture d'aura (l'extrait parle justement de cette partie du roman). J'ai même essayé en vain de trouver un peintre qui fait de la peinture d'aura, j'ai trouvé un photographe mais rien d'autre ! J'ai même passé cinq minutes à essayer de percevoir mon propre aura sur ma table de cuisine en fixant l'espace entre mes deux index (s'est ma collocataire qui m'en avait parlé). Résultat : je perçois quelque chose, un mouvement d'énergie qui ressemble à des flammes, mais la couleur est encore trop approximative, peut-être vert-lime ou jaune.
Alors voilà ! Encore un excellent envoi. Un auteur avec un humour vraiment désopilant. La blogosphère semble unanime sur ce point : un très bon livre !
Extrait du livre (partie où est dévoilée la peinture de l'aura de Cooper) :
<< Ma peinture (autrement dit mon aura, autrement dit moi par extension) ressemble à un avortement. Pour la peindre, Chrys a déployé une palette presque exclusivement composée de rouges et de noirs, avec quelques touches de jaune-pus et de vert-morve barbouillées de-ci de-là, pour les détails. Mon globule central est étendu, pour ne pas dire éclaté, comme une bestiole écrasé sur la route ou comme une tête de bébé écrabouillée. Aucune aura spermiteuse ne prend le risque de s'entrelacer avec ce spectre cancéreux. Les rares rubans noirs qui dessinent les veines de mon essence rappellent plus les vecteurs infectieux d'une maladie sournoise que n'importe quoi de vaguement intègre. >> p. 96-97