La dame de pique suivi de Doubrovsky
Alexandre Pouchkine
Librio
2006
123 pages
La Dame de Pique marie le fantastique avec le monde réel où l'on rencontre Hermann, jeune officier qui, pour découvrir le secret mystérieux de trois cartes gagnantes, tente de séduire/agresser une vieille femme. Mêler à ça un crime crapuleux et une amourette avec une jeune servante fort attachante et vous avez tout ce qui vous faut pour une nouvelle plus que piquante !
Doubrovsky, c'est le seul ami de Troïékourof, un riche homme prétentieux, colérique et gâté qui se divertit au détriment de ses invités. Craint de tous, il n'y a que son ancien compagnon d'armes qui le supportât et qui ne craignit jamais son courroux, jusqu'à ce qu'un différent sépara si bien les deux hommes que le plus riche des deux tenta de s'emparer des biens de l'autre. Le vieil homme en devint presque sénile et son fils arriva à la rescousse ...
Le titre de Doubrovsky désigne donc, Doubrovsky junior et non pas senior, mais de toute façon vous verrez que le second est très attachant ... ah oui ! J'ai oublié de dire que Troïékourof a une jeune fille fort jolie, Marie, vous voyez où je veux en venir hi hi ;)
La Dame de Pique : J'avais été prévenu par mon chum qui l'avait lu et n'avait pas trop apprécié la chute de cette nouvelle. Il faut dire que c'est seulement là que le bât blesse. Aussi bien le dire tout de suite et ça va être réglé : on ne peut pas rester indifférent aux personnages de Pouchkine, ils sont parfaitement travaillés. Les personnages féminins séduisent par leur fidélité, leur candeur, leur simplicité, l'auteur les montre comme une grande force dans ses écrits qui donne de la vivacité à l'histoire, on peut le voir chez Tatiana (Eugène Onéguine), chez Lisabeta (dans cette nouvelle-ci) et surtout chez Marie (dans Doubrovsky). Le personnage principal masculin est plus complexe, Pouchkine flirte toujours avec la barrière héros/anti-héros. Même ici, alors que Hermann est coupable d'un crime horrible qu'on ne peut pas décemment lui pardonner, il nous attendrit par son fond romantique et presque naïf. Mais bon, c'est vrai qu'il a trompé Lisabeta, alors tant pis pour lui, pfff ;)
Je dirais donc que La Dame de Pique a tout pour nous séduire, c'est en fait ce qu'elle fait tout du long, on s'éprend même de la vieille comtesse chialeuse, mais décidément la fin est vraiment décevante et alors qu'on s'attend au punch avec un grand P, on reçoit un soufflet de la part de l'auteur ! Peut-être est-ce simplement une preuve de son humour, peut-être s'est-il simplement joué de ses lecteurs ?
Doubrovsky : Je ne sais plus quoi dire sur cette nouvelle si ce n'est qu'elle méritait décidément d'être le titre principal de ce petit recueil ! Ce qui est des plus étonnants pour une nouvelle c'est que nous commençons par un personnage principal pour continuer par un autre et n'est-ce pas un pied de nez quand notre Doubrovsky en devient un autre ! On peut dire que l'auteur s'est appliqué méticuleusement à travailler ses personnages dans cette nouvelle. Ils sont si complexes et vivants qu'ils ne peuvent que nous émouvoir d'une manière ou d'une autre. Bien entendu, il y a cette très chère Marie qui sait si bien nous séduire, principalement au moment de la chute, car elle est l'instigatrice principale de la fin et cette vertueuse mérite bien quelques mains d'applaudissement. Mais bon, le personnage dont je voulais parler était son père que l'on apprend à aimer détester, il n'y a qu'à lire certains passages que Pouchkine nous décrit avec humour :
<< Il fit immédiatement chercher sa fille pour lui servir d'interprète.
- Viens ici, Marie, et dis au monsieur que je ne le prends qu'à condition qu'il ne courra pas après mes servantes, et que s'il se le permettait, il se ferait éreinter ... Traduis-lui cela, Marie.
Marie rougit jusqu'aux oreilles, et se tournant vers le Français elle lui dit que son père exigeait de lui de la décence et une bonne conduite. >> p.84
<< Il lui arrivait aussi de faire atteler deux ours à une britchka, et d'y faire monter bon gré mal gré quelques-uns des convives : puis après avoir ôté la chaîne à ces animaux, on les laissait aller en liberté. Alors la jubilation de Troïékourof était au comble. >> p.85
Mais quel divertissement on les Russes, hein ;) Vraiment j'aime beaucoup l'humour de l'auteur, est-ce que je l'ai déjà dit ? J'aime surtout comparer la littérature française de la même époque, si pondérée bien prise dans les enclaves de la galanterie avec celle plus, comment dire, libertine et sauvage de l'Europe de l'Est. De voir comment on peut s'éprendre d'un brigand sans même se sentir coupable, tout en ayant la fidélité comme idéal.
Le gros bémol que je donne toutefois à Pouchkine c'est ... pourquoi on peut pas avoir une fin heureuse !!
LU DANS LE CADRE DU MERVEILLEUX DÉFI
(merveilleux=il m'a fait connaître Pouchkine et Eugène)
UNE ANNÉE EN RUSSIE
DE PIMPI :)