Et au pire, on se mariera
Sophie Bienvenu
Éditions La Mèche
2011
151 pages
L’histoire est toute simple : Aïcha, une jeune adolescente toujours en colère rencontre Baz, un homme beaucoup plus âgé qui l’a défendu lorsqu’elle a faillit se faire attaquer. Aïcha tombe amoureuse de Baz et elle croit que ce sentiment est partagé. Baz, qui veut la protéger comme une soeur, à beau essayer de la détromper, Aïcha ne veut rien comprendre. Dans ces quelques pages, nous découvrons leur histoire à travers les yeux de la jeune fille.
Avant même de commencer mon commentaire, j’aimerais attirer votre attention sur l’image qui rehausse ce livre. Avant de lire Et au pire, on se mariera, je ne connaissais pas la maison d’édition La Mèche et je dois avouer, que malgré le peu de moyen qu’ils ont, la beauté de leurs livres est frappante ! Sur mon exemplaire, j’ai le droit à un magnifique collant vert lime qui dit : finaliste du prix littéraire des collégiens qui fait un contraste splendide avec la couverture sombre. Cette image, représente parfaitement ce livre avec sa sobriété et cette jeune femme, probablement une adolescente, qui semble perdue dans ses pensées et pourtant, un peu lasse. Je félicite donc cette maison d’édition pour son choix de design, ainsi que pour la qualité du papier qu’elle a utilisé, ici on est loin de la couverture glacée très vendeuse, mais plutôt un beau papier cartonné que mes mains ont appréciés.
Et maintenant, que des félicitations pour l’ouvrage, lui-même, que j’ai adoré ! Il est bouleversant ! Bon, on m’avait bien prévenu que j’allais aimé, mais je n’aurais pas crut au début. Lorsque j’ai commencé ma lecture avec ce joual, ces mots crus et une histoire, somme toute, basique, je ne savais pas trop où on voulait m’amener avec tout ça. Mais ce qui a brisé mes doutes, c’est que l’histoire se déroule tout près de chez nous et je me reconnaissais parfaitement dans ce décor. À la sortie du métro, je m’imaginais Aïcha assise sur un canard dans le petit parc juste à côté. Je voyais Aïcha sur la rue Ontario en train de jaser avec les putes ou juste de glander.
Et puis, après que l’auteure eut réussie à me séduire et à taire mes doutes, elle m’a carrément ensorcelée avec son histoire qu’elle nous déroule toute crue. L’idée est simple : une histoire d’amour à sens unique. Mais vue au travers des yeux d’une adolescente tout peu mal tourné ! En fait, perdue et en colère comme elle l’est, Aïcha ne peut que s’attirer des problèmes. Il n’y a que Baz qui peut réussir à l’aider. Et plus Aïcha nous parle, plus on se rend compte qu’il faut nous méfier. Des indices nous sont envoyés qui nous font comprendre que tout n’est pas la vérité, mais à quoi s’attendre quand c’est une ado qui ne comprend rien de la vie, qui raconte ? En tout cas, on peut s’attendre à un moment dur et troublant.
Ajouter à cela un humour corrosif qui vous fera plier en deux durant une bonne partie de votre lecture et vous avez un premier roman très réussi pour l’auteure. Je me promet de le relire bientôt !
Extrait
«Ce que je voudrais le plus, comme chien, c’est un croisé rottweiler, berger allemand. Le squeegee coin Ontario et Iberville, celui avec la face tatouée qui sort avec la fille qui a des trous dans ses collants pis un pitbull, il en a un.
Je l’ai caressé, une fois. Le chien, pas le squeegee.
…
On sait jamais, avec toi, d’un coup que tu penses que je me promène dans la rue en caressant des vieux punks.» p.84