Le syndrome de la vis
Marie-Renée Lavoie
XYZ éditeur
210 pages
2012
Josée Gingras est professeure de littérature au cégep et elle a une vis dans la tête. Chaque fois qu’elle essaie de s’endormir, la vis se met à tourner mettant en branle plein d’idées noires qui l’empêche de trouver le sommeil. Bref, Josée est insomniaque. Cette maladie lui cause différents tourments dont des pertes de mémoires ou une incapacité à comprendre les choses simples de la vie. Suite à une crise de nerf devant ses élèves, elle doit prendre quelques jours de congé et se sera, bien entendu, une occasion pour la vis de tourner, mais aussi pour Josée, de faire plus amples connaissances avec ses voisins.
L’insomnie est un sujet si peu traité en littérature que lorsque j’ai découvert ce livre il me fallait absolument le lire ! Pourquoi ? Pour la simple raison que je connais, moi aussi, la vis. Bon, je n’ai pas le même type d’insomnie que Josée Gingras ce qui m’a un peu déstabilisée, mais j’ai compris son problème et je sourcillais face à certaines de ses méthodes qui nourrissaient, plus qu’autre chose, son insomnie. D’ailleurs, le livre parle un peu de ça : de la façon, non pas de guérir son insomnie, mais d’avoir une approche plus positive face à elle.
Durant tout le livre, on flirte avec du fantastique. Non pas dans le genre littéraire, mais plutôt car nous nageons dans l’esprit fatigué de Josée. Effectivement, ce n’est pas parce que l’on est insomniaque chronique qu’on ne devient pas mort de fatigue à un moment donné. Lorsque l’esprit de Josée est privé de sommeil, plein de choses que nous prenons comme acquis deviennent ardus ou complètement perdus. Ainsi, pour éviter de se surcharger, le cerveau balance pas mal de truc à la poubelle, comme comment compter de l’argent ! Donc, c’est dans ce flou réel vs réel-du-cerveau-fatigué que nous naviguons tout le long du récit. Ajoutons à cela le fantôme d’un papa qui suit sa fille partout juste histoire qu’elle puisse nourrir sa vis et nous avons un tableau très humain et masochiste du personnage principal.
Dans ce roman, on ne trouve aucun grand évènement, on se doute pas mal de ce qui doit arriver, mais on se fait plaisir quand même en le lisant. J’ai particulièrement aimé la fin qui m’a réconcilié un peu avec le restant du livre qui ne sort pas beaucoup de la voix tracé par les autres auteurs québécois. Je ne veux pas volé le punch mais disons pas de Happy End à l’horizon, mais plutôt une finale à laquelle on ne s’attendait pas. D’ailleurs, venant de Josée, est-ce qu’on ne peut pas s’attendre à autre chose ?
Extrait
« Je suis folle. Toutes les femmes sont folles, à différents degrés, c’est bien connu. Tous les livres le racontent, depuis le début de temps. Même si l’Histoire les a tour à tour brûlées, enfermées, électrocutées, lobotomisées, médicamentées, elles n’en sont pas moins folles aujourd’hui. » p.83