Le goût du Kimchi
Lu dans le cadre du défi Le tour du monde en 8 ans de Helran: Corée du Sud
Yeon-Sik Hong
Sarbacane
2017
360 pages
Une petite famille personnifiée par des chats (??) déménage avec leur poupon dans une maison à la campagne. Cherchant la tranquillité et un terrain pour planter leur premier jardin. Ils ont choisi, comme tant d'autres, un retour à la terre afin d'offrir à leur garçon un meilleur départ dans la vie.
Le père, personnage principal dont nous suivons toutes les pensées, crée constamment un lien entre cette vie qu'il essaie d'offrir à son fils et celle qu'il a lui-même eue. Bien entendu, tout tourne autour de la délicieuse popote que lui faisait sa mère et qu'il essaie de recréer. Cette mère aimante dont il a de si merveilleux souvenirs la voilà maintenant terriblement malade, incapable désormais de trouver la force de créer les légumes en saumure qu'elle cuisinait autrefois avec amour.
Puisque rien n'est parfait dans cette nouvelle vie, le pauvre homme doit constamment quitter son petit cocon familial pour plonger dans le sous-sol de ses parents malades. Sa mère souffre du coeur, s'affaiblissant de jour en jour et son père alcoolique irrécupérable souffre physiquement de tous ses abus. Nous suivons donc les va et vient constant entre l'hôpital, l'appartement sombre et humide, ainsi que cette maison de campagne qui lentement se teinte de la souffrance d'un fils qui voit souffrir la mère qu'il a chérie et dont il espère désespérément une guérison impossible.
Cette BD est un petit bijou. Pourrais-je arrêter ici mon billet? Vous m'en voudriez, je le sais bien.
Il traite d'un sujet si simple, la vie ordinaire d'un fils qui tente, désormais devenue père, de voler de
sespropres ailes, mais que le temps rattrape constamment l'obligeant à replonger dans la solitude de son ancien foyer. Un drame si commun. Traité avec des illustrations tout aussi simples et pourtant, magnifiques. Immédiatement, j'ai adoré les dessins. Ces personnages à mi-chemin entre des chats et des ours sont tellement attendrissants! De plus, au tout début de la BD alors que tout va bien pour notre petite famille, les dessins déjà très naïfs se teintent d'un côté encore plus enfantin lorsque certains personnages ou certaines autos, simulant l'allégresse, s'envolent carrément dans les airs! Super mignon je vous dis! J'étais déjà sous le charme.
Le goût du kimchi c'est le goût de notre cuisine d'enfance. C'est le goût de notre passé que nous voulons tous partager avec nos enfants pour que nos souvenirs s'entremêlent aux leurs. C'est si touchant de voir les nombreux retours en arrière du père qui tente de retrouver toutes les odeurs qui ont ponctué son enfance. Plus nous avançons dans
notre lecture, plus la santé de la grand-mère décline et les souvenirs deviennent de plus en plus nombreux, mais cette fois-ci teintés de souffrance et de honte. Cette honte que nous avons tous ressenti une fois la mort présente dans la chambre de nos parents, de ne pas avoir été de bons enfants, d'avoir été égoïstes et de ne pas avoir compris tout ce qui nous avait été offert. Puis, il y a cette colère qui sourde chez le personnage alors qu'il met en parallèle les bons souvenirs de sa mère et ceux de sont père absent, agressif et alcoolique qui a détruit l'unité de leur famille. Celui-là même que la maladie n'a injustement pas emporté avant la mère vertueuse.
Il y a tant de choses à dire. Tant de petites et grandes souffrances dans cette BD. Vous ne serez pas épargné, vous verserez assurément des larmes lors de votre lecture. Je me suis tellement trouvée dans ses pages que j'ai parfois l'impression que cette oeuvre a été créée pour moi, mais je suis sûre que vous aussi, vous y verrez beaucoup d'échos à votre propre vie.
Source des images:
- http://www.laloutremasquee.com/independante/le-gout-du-kimchi/
- http://www.manga-news.com/index.php/manga/Gout-du-Kimchi-le