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La bouquinerie aux deux colombes
29 janvier 2018

Une mauvaise nouvelle pour les bibliothécaires montréalais

Bonjour ma gang de lecteurs!

Je reviens, il n'y a pas longtemps, d'un petit tour à ma bibliothèque municipale et comme vous le savez sûrement, je suis très fière du service que l'on a dans le réseau des Bibliothèques de Montréal. En s'abonnant gratuitement (pour les résidents) nous avons accès aux 56 bibliothèques de l'île. Un vrai trésor! Vous comprendrez aussi que le choix du catalogue est pas mal riche. Ce catalogue compte plus que de simples livres, mais aussi des livres numériques, des jeux, des revues, des CD, des films, des laissez-passer pour le musée des Beaux-Arts de Montréal et le Musée de l'Histoire de Montréal et j'en passe. 

Voilà qu'aujourd'hui la technicienne qui me sert au comptoir me demande: « Est-ce que vous connaissez l'autoprêt?» Sur le coup je suis un peu secouée, je me dis qu'elle ne comprend pas que je m'en fous, que le bidule de merde qu'elle me pointe est toujours pété, que c'est dix fois plus long être servi par cette «chose» que par un être humain avec qui, de surcroît, je peux jaser un peu. Je commence même à me demander si elle pactise avec l'ennemi. Voilà qu'elle comprend mon désarroi et renchérit: «Nous en faisons la promotion, car bientôt les comptoirs des bibliothèques seront enlevés pour être remplacés par ces bornes de prêt libre-service.» Voilà, je suis sur le cul!

Bon, vous me direz que je ne suis pas de mon temps. Que la technologie sert très bien l'humain. Que c'est mieux de se servir soi-même. Que c'est bien que la ville de Montréal investisse dans ses bibliothèques. Moi, tout ce que je vois là-dedans c'est l'humain. C'est le technicien en documentation à côté d'elle qui n'a pas sa permanence et qui se verra du jour au lendemain être mis à pied. Ce sont tous ses techniciens et sûrement quelques bibliothécaires (car ce sont les seuls qui peuvent nous conseiller alors je suppose que les gestionnaires ne pourront pas les remplacer par des bornes de prêt libre-service) qui perdront leurs revenus. 

Ce qui est encore plus malheureux là-dedans, c'est que celle qui écrit ses mots a été profondément marquée par des coupures de ce genre. Dans les années 90, ma mère qui se remettait péniblement d'un divorce et de la perte de ses deux parents avait bien de la difficulté à joindre les deux bouts avec deux enfants à charge. Elle avait fait un retour aux études alors qu'elle était maman à la maison (avant le divorce) et elle avait dû abandonner son baccalauréat en littérature après sa séparation. Toutefois, elle avait un diplôme en poche, celui de Technicienne en documentation et son travail dans une des bibliothèques de Montréal-Nord ne nourrissait pas seulement son porte-feuille, mais aussi sa passion dévorante pour les livres. Lorsque des coupures sont venues s'abattent dans le réseau de la culture elle a été l'une des premières a perdre son emploi. Elle n'a pas été capable de se trouver un emploi pendant près de dix ans, car elle était trop âgée et que le trou dans son curriculum vitae s'agrandissait d'année en année. Bien entendu, durant tout ce temps, les bibliothèques étaient son rêve et lorsqu'on lui a redonné sa chance s'était pour la congédiée de nouveau, car elle n'était pas assez bonne en informatique. Faute de moyen, nous n'avions pas d'ordinateur. Faute de moyens nous n'avions pas grand-chose en fait. 

Derrière ces coupures il y a des êtres humains. Il y a aussi des payeurs de taxes qui aimeraient bien que leur argent soit investi là où ils le considèrent important et ce n'est pas dans des bornes de prêt libre-service bordel!

slogan-pour-aller-plus-loin

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Commentaires
K
C'est ben triste ça... moi j'adore jaser à la bibliothèque!
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