Bella Italia
Quai Voltaire
2002
424 pages
«Mon désir initial de vivre en Italie est né entre autres de l'idée que je n'épuiserais jamais les ressources de cette terre sans fin - ses arts, ses paysages, sa langue, sa gastronomie, son histoire. Changer le cours de sa vie en achetant et restaurant cette maison abandonnée, consacrer une partie de chaque année à un autre pays, voilà qui sembla un risque inconsidéré, sinon un acte de folie. Je voulais à cette époque accomplir une chose dont j'ignorais tout. Je pensais - maintenant je le sais - que les Italiens prennent plus de temps pour vivre. Après de longues années de mariage et un divorce pénible, je pensais que l'Italie remplacerait plus qu'avantageusement la perte de ce seul homme. Je voulais un vrai changement.
Je ne savais pas encore à quel point la chance accompagnerait mes vœux.» dos de couverture.
Je me suis lancée dans un autre roman de Frances Mayes car j'avais besoin de soleil dans le triste hiver québécois qui a été frappé par de terribles froids et puis j'avais besoin d'une lecture doudou et cette autrice est pour moi une garantie de succès. Je dois maintenant vous faire une confidence : en tant que lectrice je ne possède que deux fantasmes : celui de rencontrer Anne Rice à la Nouvelle-Orléans et celui de me faire inviter à passer un séjour à Bramasole, dans la maison italienne de Frances Mayes.
Avec ce roman, l'autrice nous raconte son séjour en Italie alors que six ans après l'achat de Bramasole, elle se permet une année
sabbatique en Toscane. Un séjour avec tout ce que cela comprend d'avoir une vieille demeure : des rénos, des rénos, des rénos. Mais c'est aussi mettre en place un nouveau jardin, magasiner, voyager, apprendre la langue et déguster. Goûter à tout ce que cette magnifique terre italienne peut offrir en légumes et fruits frais, ainsi qu'à cette délicieuse cuisine qui se décline en de multiples traditions.
Lire Frances Mayes c'est, comme je l'ai mentionné plus haut, lire un récit ensoleillé en tout temps, mais c'est aussi lire des aventures qui n'en sont pas vraiment, car dans ce pays où l'on apprend à vivre lentement chaque instant, il ne faut pas s'attendre à de multiples rebondissements si ce n'est parfois des murets qui s'écroulent ou des visiteurs qui nous tapent sur les nerfs. Donc, j'ai ressenti quelques longueurs par moment et même un écoeurement total du magasinage. Frances Mayes est une véritable accro du shopping, elle adore faire le tour des marchés aux puces, des petites boutiques d'artisanats, mais parfois trop c'est trop. Même pour la lectrice que je suis. En fait, je suis étonnée du porte-feuille sans fond que semble posséder ce couple Frances-Ed. Une dépense n'attend pas l'autre. Il y a constamment des travaux et parfois de très gros chantiers à Bramasole, mais cela ne les empêchent pas de partir pendant un certain temps afin de découvrir l'Italie. Décidément, j'aimerais bien être leur bénéficiaire testamentaire!
Malgré tout ce que je peux écrire de négatif, Frances Mayes ne peut que nous charmer. Son énergie positive irradie au travers de ses lignes. Elle essouffle même le lecteur avec ses multiples projets. Elle sait faire rêver la maman de deux jeunes enfants que je suis, de voyages ensoleillés. Elle nous donne envie de plonger dans une nouvelle culture, de s'ouvrir à l'autre, de collectionner les connaissances et de mettre les mains dans la terre. Elle nous fait rêver des projets plus grands que nous. Décidément, lire Bella Italia c'est un gage de dépaysement et de plaisir littéraire et gustatif!
Extraits:
- «Je ressens aujourd'hui le charme des aurores, des levers de soleil, la satisfaction de vivre dans ce royaume vert que j'ai choisi. Je regrette de plus en plus l'idée de passer sa vie à glorifier le travail. Cette harmonie mouvant entre l'ambition, la solitude, la stimulation, l'aventure - comment la trouver?» p.162-163
- «Dans l'une ou l'autre, elle ouvre brusquement une fenêtre. Un bleu étourdissant s'engouffre dans la pièce, la vue est fantastique, puis nos yeux vont glisser sur les murs aux damas déchirés et tombants, sur les encadrements et les moulures opulentes. Nous apercevons dans l'une des cours ce qui dut être le cloître du monastère avec son grand puits de pierre. Nous distinguons sous le trajet de la torche la salle de jeux et le théâtre délabrés, les paysages peints, et les rideaux de velours entassés sur le sol - un château pour des générations de souris. Étonnant à quel point la ruine s'est emparée de l'endroit. Qui réveillera la princesse? »p.258
- «Nous foulons la croûte de neige hors de l'aéroport. Le vent est féroce, l'air, des tessons de verre. Mes bottines ont des allures de chaussettes. Ed doit détacher la voiture d'un bloc de glace. Nous partons pour Winona, à deux heures au sud, le long de routes labourées au milieu des champs blancs qui, devant mes yeux neufs, ressemblent à l'absence de tout. Je ne connais pas bien la maman de Ed, sinon depuis une unique visite, et grâce au téléphone, chaque dimanche. Mais je sais qu'elle l'a élevé, qu'elle en a fait l'homme qu'il est, et de cela je suis reconnaissante infiniment. »p.379-380