Ravage

René Barjavel

Éditions Denoël

313 pages

Nous sommes en l'an 2052, le temps a bien passé et les hommes ont maintenant à leur disposition toute la technologie possible et inimaginable. Si désormais la culture des aliments et l'élevage des animaux de consommation ne sont plus nécessaires, car tout peut maintenant pousser en usine de façon chimique, il reste encore en France des fermes agricoles. C'est dans un des petits villages près de Paris que François et Blanche sont nés, toutefois leurs parents désiraient pour eux plus que cette petite vie de misère et les ont envoyés étudiés à Paris. Blanche allait y trouver une carrière glorieuse de chanteuse, le nouveau nom de Régina Vox, un époux richissime, un bel appartement dans une des Villes Hautes et commençait déjà à délaisser son pauvre ami François, quand arrive La catastrophe.

<< Nous vivons dans un univers que nous croyons immuable parce que nous l'avons toujours vu obéir aux mêmes lois, mais rien n'empêche que tout puisse se mettre brusquement à changer, que le sucre devienne amer, le plomb léger, et que la pierre s'envole au lieu de tomber quand la main la lâche. >> p.154

Voilà donc que le monde entier se retrouve sans aucune électricité, que le magnétisme n'existe plus, que les matériaux autrefois solides comme le fer ou le béton, se désagrègent lorsqu'on les utilise. Voilà que s'abbat sur la race humaine une multitude de fléaux : la famine, la soif, le choléra, le feu, les morts qui dégèlent et rendent les vivants malades, les pucelles qui sont atteintes d'un étrange mal, etc. Aucunement préparé à faire face à cela, tous ou presque se retrouvent désemparés, car l'humain n'est plus habitué à bouger et à utiliser ses muscles, mais François est loin d'être de ceux là et avec Blanche et plusieurs autres personnes ils décident de retourner sur sa ferme familliale. Bien entendu, rien ne sera facile, ils devront faire face à de nombreuses épreuves et certains y perdront la vie.

Commentaires

En lisant Ravage j'ai découvert un monde post-apocalyptique de la trempe des plus grands auteurs de dystopies. Autant le monde que nous décrit Barjavel à son apogée est parfaitement rôdée, permet une incroyable liberté d'imagination me faisant parfois penser au monde de la Fin des Temps de Michael Moorcock (voir les Danseurs de la Fin des Temps) autant celui-ci s'effondre de haut et emporte avec lui de bien nombreuses vicitmes toutes incapables de survivrent sans la multitudes de leurs machines esclaves. Les épreuves que doivent vivrent les survivants de cette catastrophe souligne autant la stupidité humaine que notre inaptitude à faire face aux ravages de la nature qui, toujours, se montrera plus forte que nous, car nous sommes des machines de chair mortelles.

Bien entendu, avec la récession économique mondiale que nous avons à craindre en ce moment, il ne fait pas bon lire un tel livre qui nous pousse parfois à la panique, parfois à l'hystérie. Constamment, on s'attend lors de la lecture à voir le sol s'ouvrir sous nos pieds et notre plafond s'écrouler sur notre tête, ce qui ajoute au plaisir de ce livre (ou selon votre humeur, le contraire). Pour moi, ce roman est assurément une découverte et j'ai beaucoup apprécié l'ironie dont l'auteur teintait parfois ses lignes. La fin est aussi, quoique peut-être un peu prévisible, tout à fait génial, car elle nous fait plonger encore plus profondément dans l'esprit humain qui, toujours, sera le créateur de sa propre perte.

Extrait

<< Les voyageurs qu'on [retira du wagon en plastec] ne possédaient plus un os d'entier. Quelques-uns en échappèrent, se firent mettre des os en plastec. Le wagon n'avait subi ni fêlure ni déformation, ce qui montrait l'excellence de sa fabrication. Ce n'était pas la faute de la Compagnie si les contenus s'étaient avérés moins résistants que le contenant. >> p.17

Autres livres de l'auteur

- La Peau de César (1985)
- Lettre ouverte aux vivant qui veulent le rester (1978)
- Les dames à la licorne (1974)
- Colomb de la lune (1962)
- Le Diable l'emporte (1948)
- etc.

Lu pour le Challenge ABC 2008

Comments

[GeishaNellie]

@Lael : Mentionnons que ce livre a aussi un petit côté fantastique.

[lael]

Surement très réussis. Mais je ne lis pas de post-apo parce que ça m'angoisse trop.