Les versets sataniques
Salman Rushdie
Plon
2000
700 pages
Suite à un attentat qui fait exploser leur avion, l’acteur indien Gilbreel Farishta et l’hommes aux Mille Voix, Saladin Chamcha, se retrouve chutant à toute vitesse à travers le ciel. Ils s’accrochent l’un à l’autre et c’est ainsi qu’ils atterrissent sain et sauf sur une plage de neige anglaise. Suite à cette invraisemblance, la vie des deux hommes changent considérablement. Alors qu’une auréole de lumière apparait sur la tête de l’un, l’autre commence lentement à se transformer en bouc. Dieu semble avoir mis sur terre ces deux adversaires afin que de nouveau, le combat entre le Bien et le Mal éclate.
Voici le dernier livre lu dans le cadre du défi de Leiloona pour faire baisser notre PAL (ce qui est un échec cuisant pour ma part, car ma fête étant le 14 juin on ne pouvait que m’offrir des livres ou plutôt je ne pouvais qu’en demander), mais étant paresseuse dans mes lectures, je n’ai pas pu le terminer à temps. Tant pis, je suis déjà très heureuse d’avoir réussi à le terminer et de pouvoir le rendre à mon oncle.
Effectivement, entre ce livre et moi ce ne fut pas un coup de foudre, sans le détester, j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup de longueur et je me suis ennuyée à plusieurs moments, de là le temps qu’il m’a fallut pour terminer ma lecture. Toutefois, il faut que vous compreniez que c’est le style très particulier de Salman Rushdie qui m’a attiré vers cette lecture aux antipodes de mes amours puisque je suis loin d’être croyante ou même connaissante dans les différentes religions. Le réalisme magique est un mélange de mythe, de fantastique et de réalité que je n’ai connu avant cette lecture qu’avec l’excellent livre de Susanna Clarke, Jonathan Strange & Mr. Norrel, il est né grâce à Salman Rushdie, car il fallait bien un nom à ce tout nouveau genre. C’est donc ce mélange vraiment étrange qui m’aura attiré dans ce livre, n’oublions pas de mentionner aussi qu’il a drôlement fait parlé de lui ! À cause de cet écrit, son auteur est condamné à mort et si celui-ci est toujours vivant, certains traducteurs en sont morts et plusieurs tentatives ont échouées, entrainant parfois le décès d’innocents. Ce livre valait-il cette peine ? Je préfère m’abstenir de tout commentaire sur ces pages.
Pour ce qui est des longueurs que j’ai ressenties, elles sont principalement du à la façon dont l’histoire est structurée, car elle comprend plusieurs petits récits parallèles. Bien entendu, nous suivons l’évolution des deux personnages principaux, mais nous avons aussi des récits religieux qui nous sont contés via les cauchemars de Gibreel. C’est ceux-ci qui prennent une place assez importante, mais qui m’ont ennuyé ferme. En fait, si l’histoire de la fille aux papillons qui décida de déplacer tout un village vers un voyage suicidaire pour visiter la mecque était assez intéressante, celle de Mahound, le célèbre prophète n’a pas eu le même effet. Les meurtres par lapidation des prostitués (et dire que moi je demande seulement qu’elles s’éloignent un peu plus de ma maison) m’ont plutôt choqué et je ne peux pas comprendre qu’une religion puisse excuser cela. Mais passons.
J’ai aussi eu de la difficulté envers les visages du Bien et du Mal. Oui, je sais qu’au final, les deux se mélangent et s’inversent, mais j’étais profondément touchée par ce qui arrivait à Saladin et jamais je n’aurais considéré qu’il puisse être le Mal incarné, je comprenais ses désirs et ses rancœurs, il faut juste apprendre à passer outre à un certain moment donné, ce qu’il fait d’ailleurs. Pour ce qui est de Gibreel, il m’était complètement antipathique et ce qui s’est déroulé par la suite ne m’a guère étonné.
En fait, ce que je peux dire avoir réellement aimé de ce livre à part Saladin que j’ai suivi avec plaisir, c’est ce mélange de fantastique et de réalité qui nous fait perdre nos repères habituels. D’ailleurs, notre chute dans l’incompréhension et le désordre est la même pour Saladin et Gibreel ce qui ne peut qu’augmenter notre désarroi, car si les personnages principaux ne peuvent différentier le vrai du faux, aussi bien dire qu’il ne sert à rien de vouloir y mettre de l’ordre !
Sur la 4e de couverture du roman il est inscrit :
« L’un des livres dont on a le plus parlé ces dix dernières années [sur lequel] il semble important de se faire sa propre opinion. » Le Monde
Puisque ce livre a, semble-t-il, même chamboulé notre monde en étant la cause de plusieurs affrontements, je ne puis que m’incliner devant de si sage parole. Je me suis demandée pourquoi et je l’ai lu et maintenant mon opinion est faite autant sur ce livre que sur certains groupes d’individus, c’est peut-être une des bonnes choses que je puis attribuer à ce livre qui, autrement, n’aura pas su me plaire.
« « Un comportement névrotique, avouait-elle sans honte. Un besoin excessif d’enracinement à cause des turbulences de l’histoire des juifs arméniens. Un certain désespoir à cause de l’âge et de quelques petits polypes décelés dans la gorge. La propriété de la terre a un effet calmant, je la recommande. »
Elle possédait un presbytère dans le Norfolk, une ferme en Normandie, un clocher en Toscane, une plage en Bohème. « Des lieux hantés, expliquait-elle. Cliquetis, hurlements, sang sur les tapis, femmes en chemise de nuit, et tout le toutim. Personne ne rend une terre sans se battre. » » p.86
Un petit passage drôle histoire de sourire un peu et de se rappeler le plaisir de la vie en couple
« Qu’était-elle sensée faire de lui maintenant, de ce lourdaud, étalé en travers de son lit ? Mon Dieu, elle avait oublié à quel point il s’étalait, comment pendant la nuit il colonisait la moitié de votre lit et prenait toutes vos couvertures. » p.393