La mécanique du coeur
Mathias Malzieu
Les éditions Flammarion
2009
155 pages
Jack est né le jour le plus froid. De cette journée, plusieurs en tirèrent des séquelles corporelles, Arthur en a perdu sa colonne vertébrale et Luna, sa jambe droite. Pour Jack c'est son coeur qui gela sur place. Docteur Madeleine, celle qui assista pour l'accouchement, essaya de le sauver en fixant à son coeur une horloge en bois, mais elle le prévint bien vite : << Premièrement, ne touche pas à tes aiguilles. Deuxièmement, maîtrise ta colère. Troisièmement, ne te laisse jamais, au grand jamais, tomber amoureux. Car alors pour toujours à l'horloge de ton coeur la grande aiguille des heures tranpercera ta peau, tes os imploseront, et la mécanique du coeur sera brisé de nouveau. >> (p.9)
Madeleine tente donc de préserver Jack du monde extérieur en le gardant cloîtré, mais à son dixième anniversaire celui-ci demande de pouvoir aller en ville. C'est donc là qu'il rencontrera une petite chanteuse andalouse dont il tombera immédiatement amoureux fou. Dès lors il fera tout pour la revoir et finira même par quitter Édimbourg pour un voyage en Andalousie.
La mécanique du coeur s'est une sorte de conte initiatique avec de doux accents de poésie. C'est un petit livre parfois dur et froid, mais c'est aussi un héros avec un coeur magnifique et des allures d'enfant naïf et charmant. Ce sont des personnages vrais et généreux, rejetés de la société, mais toujours capable d'amour. En fait, ce roman parle d'amour, bon vous vous en doutiez, mais non pas d'amour simplement entre homme et femme, mais d'amour entres individus comme tous ses personnages qui gravitent autour de Jack et l'appui de tout leurs coeurs. Malheureusement, ce roman a tout de même beaucoup de tranchants et j'ai eu bien de la difficulté à accepté la fin ! Mais je comprends tout à fait Lael de l'avoir choisi comme coup de coeur pour le défi de Theoma, car pour moi aussi il fut une petite merveille même s'il m'a tiré une larme ou deux.
<< - Tu ne te rends pas compte, tu prends ça comme un jeu. Mais c'est un jeu avec le feu, un jeu dangereux, surtout quand on a un coeur en bois. Tu as mal aux engrenages quand tu tousses, n'est-ce pas ?
- Oui.
- Eh bien, c'est une souffrance ridicule par rapport à celles que peut engendrer l'amour. Tout le plaisir et toute la joie que l'amour peut faire ressentir se paient un jour ou l'autre en souffrances. Et plus on aime fort, plus la douleur à venir sera décuplée. Tu connaîtras le manque, puis les affres de la jalousie, de l'incompréhension, la sensation de rejet et d'injustice. Tu auras froid jusque dans tes os, et ton sang fera des glaçons que tu sentiras passer sous ta peau. La mécanique de ton coeur explosera. Je t'ai moi-même greffé cette horloge, je connais parfaitement les limites de son fonctionnement. Peut-être qu'elle résisterait à l'intensité du plaisir, et encore. Mais elle n'est pas assez solide pour supporter le chagrin amoureux. >> (p.30)
Avec de telles paroles c'est à se demander comment Jack n'a pas été effrayé au point de désirer se terrer pour toujours dans l'obscurité ...
Lu dans le cadre du défi Les coups de coeur de la blogosphère (1/2) organisé par Theoma.