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La bouquinerie aux deux colombes
18 août 2017

2666

Lu dans le cadre du Défi Tour du Monde en 8 ans (Chili) de Helran


2666

 

Roberto Bolano

Gallimard

2008

1358 pages

 

«La littérature constitue un appel fondamentalement dangereux.

Fascinés par l'oeuvre d'un énigmatique écrivain allemand, quatre universitaires européens se lient d'amitié. Trois d'entre eux partent sur ses traces à Santa Teresa, aux confins du Mexique. Ils y découvrent une ville hantée par les meurtres en série : trois cents femmes ont été retrouvées mortes, violées et mutilées. Et les assassins sont toujours en liberté.» dos de couverture

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Je viens tout juste de fermer 2666 de Bolano. Je le ferme après tout un été à l'avoir traîné lamentablement dans mon sac à dos en espérant que de jour en jour je verrais ma progression croître. Toutefois, dans ce roman divisé en cinq parties, je me suis enlisée. Je me suis enlisée dans la première partie qui nous racontait l'histoire de critiques littéraires partie à Santa Teresa, une ville mexicaine près de la frontière américaine, sur les traces d'un étrange écrivain fantôme promis à être récipiendaire du prix Nobel un jour. Devant cette écriture tortueuse qui n'en finissait pas de digressions qui semblaient me mener de détail sans importance en détail sans importance que j'avais peine à trier, je me suis dit: «Voilà je suis tombée sur un livre d'intello. Je suis foutue. Je ne finirai jamais ce monstre.» Pourtant, vers la fin de cette première partie j'ai compris que l'histoire racontée ne mettait pas en scène de parfaits petits intellectuels sans failles et que l'auteur allait repousser les limites de ce que nous considérons supportable. Voilà, j'avais découvert Santa Teresa et ses femmes violées, torturées, mutilées, dont les corps abandonnés, ne semblaient déranger personne.

En tant que lectrice, que femme, que féministe, mais surtout en tant que maman de deux petites filles, j'ai été terriblement troublée par cette histoire. D'ailleurs, plus nous avançons dans notre lecture plus nous comprenons qu'il s'agit de meurtres perpétrés par un tueur en série avec un nombre épouvantable de victimes et que la plupart des hommes n'en sont pas perturbés. Puisque la police mexicaine est constituée d'hommes, il n'y a pas grand-chose qui bouge. Lire à propos d'une telle immunité m'a levé le coeur. Arrivée à la quatrième partie du livre, celle qui raconte les meurtres en détail, les uns après les autres, je dois avouer que j'ai passé un sale moment. Je n'en pouvais plus d'autant de machisme, de misogynie et de sang. J'avais vraiment hâte de finir et d'arriver à l'histoire du mystérieux auteur Benno Von Archimboldi. Malheureusement, il s'agit aussi d'une des plus longues parties du roman et mon caractère commençait à s'en faire sentir. J'ai terminé cette partie avec soulagement et avec une blague répugnante en tête qui souligne parfaitement la relation homme femme : les femmes c'est un amas de cellules désordonné autour d'un vagin.

Puis dans la cinquième et dernière partie, nous retombons dans une histoire plus calme, nous redécouvrons Archimboldi que nous avions perdu de vue et qui est pourtant la mystérieuse personne qui nous a mené à Santa Teresa. J'avais un peu de rancoeur envers l'auteur rendu à ce point, car je voulais tant que nous en finissions avec le désert et tous ces meurtres que je n'avais cure de la Prusse et de la Deuxième Guerre Mondiale. Malheureusement, nous sommes revenus aux digressions qui à pas de tortue semblaient mener lentement vers la conclusion. Toutes ces histoires indépendantes les unes des autres, mais tournant toutes autour de Santa Teresa comme si la ville et ses meurtres étaient un personnage, le personnage principal de cet énorme bouquin, nous laissent sur notre faim. Nous appâtent dans l'espoir d'une conclusion que nous espérons tant, mais qui ne sera pas celle attendue. Cette histoire est un peu le serpent qui se mord la queue, on ne sait pas exactement où elle commence ni où elle finit. 

Une fois ce livre refermé je n'ai rien ressenti, aucun bonheur ou liberté. Que du vide. J'ai l'impression d'avoir perdu mon temps, car je déteste ces histoires qui n'ont pas vraiment de fin. Pourtant, l'écriture de Bolano est belle, très intelligente, intéressante à lire jusqu'à un certain point (disons jusqu'à trois cents pages), mais ce n'était pas suffisant. J'applaudis ce travail acharné et méticuleux qu'est 2666. On sent que cette oeuvre a été travaillée pendant de longues années, d'ailleurs on peut en trouver des prémices dans d'autres romans de Bolano. J'applaudis aussi son désir de choquer, de bouleverser l'ordre établi et de nous montrer la pourriture que l'être humain peut cacher. Pourtant, ce sujet me porte à conclure qu'à bien y réfléchir, je me serais bien passée de cette lecture et de toute la souffrance qu'elle m'a apportée. Je ne parle pas de celle de le lire, mais bien de celle d'être une femme dans un monde qui te considère comme le sexe faible, mais surtout d'enfanter d'autres femmes qui souffriront aussi. 

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Commentaires
K
Moi j'ai adooooooré. Vraiment. Je l'ai relu tout de suite après. Mais bon, j'avoue que cette 4e partie... j'avais hâte d'arriver à la fin. C'était arghhhhhh!
A
(j'ai eu quelques soucis à publier un commentaire. Ne t'étonne pas si tu le vois apparaître plusieurs fois)
A
Hé bien, ton billet tombe à pic ! J'allais me lancer dans la folle lubie de le lire en 2018, genre mon pavé de l'année, mais je crois que je vais m'abstenir en fin de compte. J'avais vu des avis le hisser au rang de "génial" mais j'ai peur d'être déçue au final et de sentir comme toi que j'aurais perdu mon temps. Je vais donner la préférence à Guerre et Paix, je crois.:-)
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