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La bouquinerie aux deux colombes
11 novembre 2016

Station Eleven

9782896942640


Emily St. John Mandel

Alto

2016

424 pages


« Le premier jour
Éclosion de la grippe géorgienne. On estime qu’elle pourrait contaminer 99% de la population.

Deux semaines plus tard
La civilisation s’est effondrée.

Vingt ans après
Une troupe présente des concerts et des pièces de théâtre aux communautés regroupées dans des campements de fortune. La vie semble de nouveau possible. Mais l’obscurantisme guette, menaçant les rêves et les espérances des survivants.»
dos de couverture

4
En voilà un qui se retrouvera assurément sous mon sapin de Noël ! Je l'ai dévoré dans le bain, sous la jeté du salon, à voix haute pour mon bébé (c'est d'ailleurs ainsi que je l'ai terminé, on néglige souvent l'impact que peut avoir le fait de se faire la lecture à haute voix, quel émotion!), je ne pouvais le lâcher lorsque je m'y plongeais. Contrairement au monde post-apocalyptique de Oscar de Profundis de Mavrikakis dont je vous ai parlé dans le précédent billet, l'histoire de Station Eleven met autant en scène le passé des personnages que leur évolution suite à la chute de leur société (nous nous rendrons jusqu'à l'an vingt post-grippe géorgienne). Tout commence par une simple pièce de théâtre dont le déroulement est perturbé par le malaise qui saisi l'acteur vieillissant qui incarne le roi Lear. Suite à cet évènement qui nous semble anodin, l'auteure nous laisse sur une toute petite phrase à la fin du chapitre deux (que je tairai) et qui nous fait comprendre que tout n'était que poudre aux yeux et qu'un cataclysme nous attend. Toutefois, Emily St.John Mandel a choisi ce moment clé afin de décider des personnages que nous allons suivre et dont les histoires se croiseront tout au long du récit.

Ce monde décimé par la grippe géorgienne est sûrement l'un des plus terrifiants que j'ai rencontré. Il amène le lecteur à l'extérieur de sa zone de confort, nous obligeant à affronter le pire évènement qui puisse être envisageable. L'auteure a un réel dont pour créer des climats lourds et oh! combien réels (il faut noter que s'il s'agit de son premier livre dystopique, elle a écrit plusieurs thrillers). Elle a su avec une précision inquiétante imaginer comment la fin du monde pourrait nous tomber sur la tête. Il n'y a pas de doute, on y croit. Elle va même beaucoup plus loin ne se contentant pas seulement de nous parler d'épidémie mais plutôt en s'attachant à des personnages particuliers, parfois même des objets et à les suivre dans le temps car il y a eu un passé et un présent. Il y a eu l'ancien monde avec Internet, les avions, l'électricité, etc, puis le nouveau monde, au tout début chaotique et sanguinaire et lentement la vie reprend le dessus et la débrouillardise de l'homme lui permet de s'adapter tout en se languissant (pour ceux en ayant l'âge) du confort matériel passé.

Même si je ne suis pas de celle qui suit les modes et qui s'amourache de ces livres qui semblent être les nouveaux best-seller de la rentrée, j'avoue que celui-là vaut le coup ! Il n'a pas mérité le prix Arthur C.Clarke pour rien. Tous les éléments sont présents pour nous donner de sacrées émotions. Emily St. John Mandel a vraiment une magnifique écriture et sait diriger son histoire d'une main de maître. Froussards prenez garde à cette lecture dérangeante ! 

Extraits:

- « Elle a tenté de lui expliquer son projet, une fois de plus, mais les mots se sont coincés dans sa gorge.
- Tu n'as pas besoin de le comprendre, a-t-elle dit. Il est à moi. » p.115

« Ils marchaient sur l'accotement en gravier. À un endroit, le lierre de la forêt s'était déployé jusqu'à la route, la tapissant de vert sur des kilomètres, Kirsten sentit la caresse des feuilles sur ses pieds chaussés de sandales. Tous ses sens à l'affût essayaient de discerner la position du prophète - derrière ou devant ? - mais ne percevaient que le raffut du monde environnant : les cigales, les oiseaux, les libellules, une famille de cerfs qui passaient par là. L'alignement des voitures était irrégulier, certaines en position oblique, d'autres collées pare-chocs contre pare-chocs, d'autres encore à moitié sorties de la route. Les essuie-glaces étaient figés à la verticale et des chaînes rouillées s'enchevêtraient autour de certaines roues. » p.381-382

- «  Imagine : tu arrives ici à pied, en pleine tempête de neige, dans l'espoir désespéré de fuir la maladie qui fait rage en ville, et au bout du parcours tu vois cet écriteau, et en le lisant tu comprends que ça ne va pas être possible d'y échapper. Tu es peut-être déjà contaminée, tu portes peut-être dans tes bras un petit enfant fiévreux. Kirsten se détourna du barrage, sachant sans même regarder qu'il y aurait des squelettes dans la forêt à cet endroit. Certains avaient dû rebrousser chemin sur des kilomètres pour tenter de trouver un autre moyen de se soustraire à la grippe qui sévissait partout, qui était désormais inévitable. D'autres, malades ou très fatigués, avaient dû quitter la route et s'allonger sur le dos pour regarder la neige tomber sur eux, pour observer le ciel glacé. »p.382-383

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Commentaires
A
Toi aussi tu fais partie de celles qui ont été happées par cette lecture, tope-là ! :-)Tu en parles vraiment superbement bien !
G
Merci pour le compliment mais je n'ai pas ton talent de blogueuse. Quoi qu'il en soi, c'était vraiment excellent livre que normal en cadeau ce Noël.
M
Il est vraiment sublime, ton billet. Contagieux!<br /> <br /> J'ai aussi beaucoup aimé ce Station Eleven. Pour un roman post-apocalyptique, je l'ai même trouvé lumineux!
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