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La bouquinerie aux deux colombes
31 mars 2017

Les quatre saisons de Violetta

9782207253779
Chrystine Brouillet

DeNoël

2002

702 pages

 

« En 1719, dans un Paris obscurci par une éclipse, Flora Renosto contemple son nouveau-né, une petite fille issue de ses amours avec le comte Lorenzo, un sorcier qui l'a trompée sur sa véritable nature. Elle l'ignore, mais cette exquise enfant aux yeux violets, qui attire de façon inexplicable les serpents, est l'enjeu d'un tournoi surnaturel. Décidé à récupérer le fruit de ses entrailles, Lorenzo le maléfique assassine Flora. Mais celle-ci a eu le temps de mettre sa fille, Violetta, à l'abri chez les soeurs d'un couvent vénitien. Fascinant son entourage par des pouvoirs insolites et des dons exceptionnels pour la musique, l'enfant prodige grandit dans le secret. L'année de ses seize ans, Lorenzo débusque sa fille au coeur de la Sérénissime... Déjouant tour à tour les ruses de son père et les pièges de l'Histoire, Violetta s'efforce d'échapper au destin que lui ont réservé les magiciens en recherchant l'amour d'un mortel. 
Roman historique aux accents fantastiques, Les Quatre Saisons de Violetta enjambe quatre siècles : de la Venise de Vivaldi au Chicago d'Al Capone, du Paris de l'Occupation à celui de l'an 2000. D'une sensibilité inouïe aux saveurs, aux mélodies et aux parfums, ce livre baroque réveille le merveilleux qui sommeille en toute chose...» dos de couverture

88309549J'ai lu ce roman lorsque j'étais adolescente. À l'époque il était fraîchement sorti des presses à imprimer et il m'avait fait beaucoup d'effets mais après toutes ces années, je dois avouer que je ne m'en rappelais plus grand chose, j'avais donc envie de m'y replonger. Jusqu'ici, plusieurs de mes relectures ont été un fiasco sauf pour ce qui est des classiques que j'ai relu de très nombreuses fois comme Cyrano de Bergerac ou Roméo et Juliette. Malheureusement, ce livre-ci n'a pas fait exception à la règle et j'ai eu beaucoup de difficulté à le terminer. Je dois avouer que cela m'attriste beaucoup mais j'en suis venu à la conclusion qu'en vieillissant nos goûts changent. Étrangement, ma mère m'avait déjà exprimé une telle pensée lorsqu'elle se désolait de mon amour de la sf (qui n'a jamais passé).
Revenons-en au livre...

Lorenzo est un sorcier d'un autre monde, il possède le pouvoir de l'air et du feu, il est capable de plonger sous l'eau pendant un très long moment et il a un odorat surdéveloppé mais il en veut plus. Lorenzo est assoiffé de sang et de pouvoir, il tue pour s'approprier les dons des autres sorciers en les mangeant, qu'importe qu'il s'agisse de son père ou de sa grand-mère. Toutefois, le sorcier n'en a jamais assez et il a des vus sur le pouvoir de la terre que possède Karejrebrekiss mais, celle-ci, ne voulant pas les lui donner, les offre plutôt à un nouveau-né humain, Flora. Afin d'éviter que la famille de Lorenzo possède tous les pouvoirs et devienne trop puissante, le Maître du Dernier Cercle décide de créer un tournoi avec des règles strictes opposant Lorenzo à Akiss, la mère de Karejrebrekiss. Ainsi, Lorenzo devra se reproduire avec Flora puis séduire cet enfant afin qu'ils s'accouplent. L'enfant né de l'union de Flora et Lorenzo est Violetta, une filette possédant de nombreux pouvoirs dont celui de «sentir» la musique et c'est l'amour qu'elle ressent pour cet art qui l'aidera à combattre son père.

Dans le tournoi, Lorenzo a une date limite afin de séduire Violette mais, bien entendu, une humaine ne peut pas vivre aussi longtemps qu'un sorcier même si elle est hybride, donc la jeune fille aura le droit de renaître. C'est ici que j'ai trouvé que la structure du récit avait une faiblesse. Les différentes vies de Violetta n'était pas d'un intérêt égal à mes yeux. La toute première vie m'a semblé pleine de longueurs et s'éternisait bien trop. Puis, quand est arrivé le temps de revivre, Lorenzo a dû attendre bien longtemps puisque Violetta n'est revenu qu'à l'époque de Capone, un sacré saut dans le temps. La seconde vie a été bien plus intéressante avec ses gangsters, ses odeurs de sang et de feu et surtout, ses cabarets de Jazz qui séduisent totalement la jeune fille. Mais c'est lorsqu'elle doit quitter Chicago pour aller à Paris, ignorant qu'elle devra y vivre la Seconde Guerre Mondiale que j'ai vraiment eu du plaisir à lire cette histoire. Violetta tente tant bien que mal de survivre dans un monde en déroute rempli de privation. Pourtant, même les Sorciers sont étonnés de découvrir que leur tournoi se déroule au milieu d'un tel chaos et Lorenzo devra essayer de faire survivre la jeune fille jusqu'à ce qu'il puisse la séduire. Lorsque Violetta décède finalement c'est pour se retrouver au tout début du nouveau millénaire, quelques mois avant la fin du tournoi et l'autrice prend alors plaisir à faire des rapprochements entre cette nouvelle existence de l'hybride et ses anciennes vies passées.

Le point le plus fort de ce livre, outre la qualité des descriptions historiques qui nous propulse avec beaucoup de précision dans différentes époques, c'est l'évolution des personnages. Au fur et à mesure de ses vies, Violetta perdra certains de ses pouvoirs et son caractère s'en verra changé. Si au tout début j'avais bien de la difficulté à l'apprécier car elle était incapable d'attachement même envers ses parents adoptifs de Chicago, j'ai vu mon opinion sur elle changer lors de son arrivée à Paris, car elle avait alors un véritable amour (fraternel) pour son cousin et Johann, un musicien de grand talent. Lorenzo changera lui aussi. Il m'est apparut tout d'abord comme irréel, tout comme le monde d'où il provient. Il était trop impatient, trop maladroit et trop arrogant. Je ne voyais pas en lui un puissant Sorcier très âgé. Son incompréhension de l'être humain l'amenait constamment à faire des erreurs mais j'ai senti un désir de Chrystine Brouillet de lui faire acquérir de l'expérience au fil de ses échecs. Ainsi, le Lorenzo de l'époque de Capone est bien plus subtil dans son approche mais la véritable patience il ne l'a trouve qu'à Paris. Malgré cela, l'affrontement final entre Violetta et Lorenzo m'a semblé plutôt tiré par les cheveux.

Les quatre saisons de Violetta reste pour moi un excellent livre pour les lecteurs plus patients et amoureux du fantastique. La plume magnifique de Chrystine Brouillet nous fait découvrir des époques si variées que la tâche aurait pu être trop colossale pour un auteur avec moins d'expérience. Je déplore donc ne pas avoir su apprécier autant ce livre à cette seconde lecture.  

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