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La bouquinerie aux deux colombes
20 avril 2016

Désolée, mais ça ne se fait pas

Lu dans le cadre du défi Le tour du monde en 8 ans de Helran : France


 

xenakis

Françoise Xenakis

Plon

1995

298 pages

 

« Lorsque Mary s’avance vers l’autel pour rejoindre son futur époux, elle refuse de voir que Grace, sa soeur cadette, a un petit ventre tout gonflé. En sortant de l’église elle doit se rendre à l’évidence : sa soeur est enceinte des oeuvres de son mari. «Désolée, mais ça ne se fait pas.»
Nous sommes en 1880 et dans l’Irlande ultra-catholique, on ne badine pas avec la religion et les sacrements. Pour éviter le scandale, les familles décident d’envoyer Mary en Russie remplacer sa soeur comme gouvernante, tandis que Grace s’exilera en Angleterre avec le futur papa en jurant de ne plus remettre les pieds au village.
Les deux soeurs, alors, vont prendre des chemins opposés. L’aînée mènera une vie brillante, deviendra comtesse, vivra une passion avec Raspoutine et héritera d’une immense fortune ; la seconde se réfugiera dans la misère et les innombrables fausses couches, jusqu’au jour où leurs destins se croiseront quarante ans plus tard. »
4e couverture

4coeurs
Ouf ! Quel résumé, il semble vouloir tout dire de l’histoire, peut-être même trop mais je me rends compte à quel point il passe sous silence tout l’ignominie de cette histoire. Sur le coup, Mary semble être la pauvre femme trompée par le destin, du moins c’est ainsi qu’elle le perçoit et qu’elle le percevra toute sa vie mais la vérité est bien autre. Puisque celui qui devait épousé Mary est décédé quelques temps avant leur mariage, les familles ont simplement décidés de changer les époux. Ainsi, Brian qui devait épouser Grace se voit désormais être promit à Mary. Pourtant, Brian et Grace s’aiment, ils s’aiment depuis toujours et leurs familles le savent, alors voyant que leurs parents font la sourde oreille, ils décident de sceller leur destin.

C’est avec joie que l’on voit finalement Grace partir avec son Brian, tout plein d’espoir pour la vie future même s’ils ne sont pas légalement mariés. On s’en fout, après tout ils ont l’un et l’autre. Mais cet espoir ne fera pas long feu devant la cruelle réalité de la vie, devant leur ignorance de la pauvreté, la vraie, celle qui détruit deux êtres qu’importe l’amour qu’il y a entre eux. Puis, il y a cette Mary qui nourrira la haine de sa soeur toute sa vie et cela même si toutes les chances lui souriront. Elle ne connaîtra jamais la pauvreté mais saura plutôt faire les alliances nécessaires afin de s’élever dans l’aristocratie russe.

Cette histoire pourrait sembler être une énième revisitation du méchant contre le gentil mais il n’en est rien. Je ne peux pas dire que cela fini en happy ending  enfin, bon, c’est à vous de lire et de choisir mais ce qui est sûr, c’est que c’est un livre bouleversant. Il y avait longtemps que je n’avais pas lu une chronique familiale et l’histoire de ces deux soeurs qui se déroulent en parallèle, raconté sans flafla, très simplement mais avec beaucoup d’humanité (comme tous les textes de Françoise Xenakis que j’ai lu d’ailleurs) a su me rappeler des souvenirs. C’est exactement le genre d’histoire qui saurait séduire n’importe quel public et venir chercher leurs émotions. Le genre de texte que l’on pourrait lire à n’importe quel âge, qui passe à une vitesse folle entre nos mains et nous apprend à aimer la littérature. Je vous le suggère maintenant que le beau temps est arrivé, il fera une parfaite lecture d’été, pas trop légère, juste assez, mais n’oubliez pas qu’il vous fera grincer des dents ! 

Extrait :

« Toujours est-il que les deux filles avaient été élevées comme il convenait, aussi étaient-elles, l’une et l’autre, pieuses, obéissantes, incultes et parfaites futures maîtresses de maison, et surtout, elles obéissaient à la lettre à l’obligation première de cette religion [catholique] : ignorer ce qui est déplaisant. En tout cas, se taire et faire comme si. » p. 13-14

« Et aujourd’hui, John Grazzy était célèbre, riche, adulé – il jouait dans les plus grandes salles de concert – et malheureux comme les pierres, malade comme un chien dans sa tête, parce que son père avait beau s’en faire une gloire, c’est dur de ne pas être né d’un ventre de femme. » p.292

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